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G. REMACLE. RECHERCHE D’UNE MÉTHODE EN PSYCHOLOGIE. 339 1 Il

imprimé d’ailleurs que d’elle-même c’est-à-dire un idéal qui soit purement formel et n’ait pas de contenu donné. Si la position de nos problèmes psychologiques et leurs’solutions expriment un tel idéal, elles pourront être des réalisations normales de notre âme. Cet idéal purement formel et sans contenu donné est d’autant moins difficile à reconnaître que chacun de nous l’a conçu en concevant l’un des autres idéaux (et dans la même mesure où il est permis de dire qu’il les a conçus), qu’il a été un moment nécessaire de la formation de ceux-ci, mais pour être aussitôt méconnu. En effet, ’en présence de l’antithèse sujet-objet, avant de prendre parti en faveur de l’un de ses termes ou de tous les deux, il nous a fallu (c’était la condition de la possibilité même de ce choix) assumer, quelque fugacement que ce soit, l’attitude critique devant cette antithèse. Mais nous l’avons si vite abandonnée dans cette sorte de hâte avec laquelle nous nous précipitons vers l’apparente solution ou certitude, que nous ne remarquons même pas que nous l’avions assumée. Et cependant c’est elle qui est à la fois l’expression intellectuelle de cet idéal normal que nous cherchons et le premier moment de sa réalisation. En se reconnaissant le droit de juger l’antithèse, ce premier donné, en posant implicitement que celle-ci a besoin de passer de l’état de fait à celui de droit, l’esprit s’est manifesté contre tout donné, que le donné dût, une fois la décision intervenue, rester sous forme d’antithèse, tel qu’il se présentait, ou qu’il dût se concentrer alors en l’un de ses deux termes car, si même sa justification se réalise sous une forme ou sous l’autre, il reste qu’elle aura dépendu, dans son principe, de l’esprit, que le donné aura été proclamé, par le fait même de sa justification, incapable de se conférer à lui-même le droit à être, en un mot sera déclaré n’avoir aucune existence absolue. Par suite ce premier -moment, antérieur au choix de l’un des deux termes ou à l’acceptation de l’antithèse pour elle-même, enveloppait la négation du donné en tant que devant s’imposer à l’âme comme un objet préexistant ou comme la matière de sa réalisation. Ce premier moment était le moment de l’acte pur, ° c’est-à-dire sans ce mélange de passion (passio) caractéristique des moments postérieurs, lorsque l’esprit, s’étant prononcé pour le donné ou pour l’un de ses termes, g’eiichatne, fen faisant sien l’un de ces idéaux à contenu réel que nous avons examinés, dans une certitude ou solution préalable, contenant enveloppées les certitudes ou solutions ultérieures.