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mais ce qui était brièvement expliqué, ce’ qui était même présenté sous la forme d’une opposition assez tranchée, c’était le rapport dû moi profond au moi superficiel, esclave du langage et de l’action.-M. Bergson n’a eu qu’à rester fidèle à sa méthode pour dégager ce rapport de toute expression purement abstraite et le représenter comme une transition concrète, à degrés successifs et à moments continus, de la vie mentale déployée dans toute son ampleur originelle à la vie mentale contractée dans le mécanisme sensorimoteur du corps. De là la théories ! intéressante des plans de conscience, développée par M. Bergson avec un sens si vif de la complexité de la vie psychologique et de la solidarité naturelle des formes sous lesquelles elle nous apparaît. Mais cette théorie ne peut être pleinement comprise que si certains détails de la critique antérieure sont rappelés et que si, d’autre part, certains préjugés sont écartés, qui’"1* empêcheraient de la bien entendre.

Et d’abord nous savons que, quand il se souvient, l’esprit peut se placer à des hauteurs différentes et que le souvenir-image qu’il évoque peut être plus près, tantôt du souvenir pur qu’il commence à matérialiser, tantôt de la perception où il commence à s’incarner. L’erreur de la psychologie associationniste, c’est de ne’vouloir considérer les opérations de l’esprit que dans le terme stable auquel elles aboutissent et de ne les définir en conséquence que par rapport à ce terme. Parce que le souvenir s’achève dans la perception, on le définit une perception, plus faible. Mais oserait-on prétendre .que tout état faible est le souvenir d’un état fort ? Et surtout pourquoi cet état faible irait-il, en vertu de sa seule faiblesse, se rejeter dans le passé ? En réalité, si le souvenir n’arrivait pas à la conscience présente avec la marque du passé qui le caractérise, il serait impossible de le faire rétrograder derrière nous à un moment du temps écoulé. Le passé ne peut être saisi comme tel que si nous suivons le mouvement par lequel il redevient présent, que si par conséquent nous nous plaçons d’emblée en lui. Créatrice.de distinctions artificielles, l’école associationniste méconnaît les distinctions naturelles, et en particulier la distinction du passé ’et du présent. Cette distinction est cependant bien fondée puisque le passé c’est ce qui n’est pas, et le présent c’est ce ’qui est. Dira-t-on que le présent c’est ce qui fuit, ce qui est bientôt loin de nous, ce qui n’est pas ? Cette remarque, parfaitement exacte, si elle consiste à rappeler que le présent implique une perception du passé immédiat et une o. 1Jr.(, m ,Q~n