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409 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

conviction de Spinoza, que le « surnaturel », dans les limites du [ domaine de la nature, est synonyme de « contre nature ». Enfin 4 survient, dans notre siècle, la doctrine de l’évolution avec son explication de la relation interne des formes, et la réduction des forces plastiques à la nature elle-même. Tout cela n’endommage pas nécessairement la substance de la religion, mais contredit tout au moins ’ ;la forme habituelle de représentation de la religion ; ce qui auparavant trouvait en nous un accès facile, comme étant la conception la plus simple et la plus naturelle, doit maintenant surmonter la contradiction la plus opiniâtre.

Enfin la religion ne peut pas se soustraire à l’influence de la nouvelle conception de l’histoire, de la notion d’une conscience historique. Il manquait à l’ancienne manière de penser la distinction tranchée du passé et du présent, il lui manquait encore une critique de la tradition et un effort pour dégager dans sa pureté le fait authentique, pour éliminer autant que pos&ible le facteur subjectif, il lui manquait enfin l’idée d’un mouvement, incessant dans l’histoire. A ce degré de la penséeTobservatîon et l’imagination étaient souvent confondues, et, à l’horizon des temps historiques. le ciel et la terre, le divin et l’humain paraissaient notamment avoir été en contact immédiat. Combien la chose est à présent devenue autre, au prix de quelles peines devons-nous nous frayer une voie jusqu’aux faits, et à combien de possessions illusoires devons-nous renoncer, dans notre exigence stricte de vérité 1 Même ce qui pouvait résister à ia critique devient néanmoins, en traversant ce purgatoire, quelque chose de tout différent de ce qu’il était pour la croyance naïve. La religion peut-elle nous faire un devoir de procéder, sur son domaine, en matière de recherches historiques, d’une manière moins critique, moins consciencieuse ?

Tout cela réuni constitue une marée_4e__subj£cj ;ivité qui inonde de q’out celre rsanï corast.ituP.. une ndaeu~e de suli,~e~ti~~it~rlaai inoairle de { tous côtés l’homme moderne. "Même la religion ne saurait s’y dérober, elle devra faire la part du flot. Si elle s’attache avec un zèle opiniâtre à la forme ancienne, elle s’engage alors dans un combat qui ne cessera pas non seulement avec les tendances subjectives, mais avec la substance même de l’œuvre moderne ; elle aura beau compter sur l’habileté et l’adresse de ses défenseurs pour tenir bon dans certaines positions isolées, elle ne peut pas résister sur toute la ligne sous la forme médiévale qu’elle voudrait conserver, au mouvement universel de l’histoire ; par là elle est condamnée à con-