nique à l’étude de la lumière, négligeant ainsi l’hétérogénéité radicale des phénomènes de lumière et de ceux de mouvement[1]. Qu’aurait-il pensé s’il avait assisté depuis aux efforts des savants pour transformer non pas seulement la physique, mais la chimie elle-même, en un chapitre de mécanique ?
Bref, sans insister davantage, n’est-il pas surabondamment établi que, quel que soit le rôle attribué à la rationalité, à l’idée, par conséquent, la positivité domine encore dans la doctrine d’Aug. Comte et suffit à enserrer l’idée, à limiter son essor, au point que de toutes parts on se croie parvenu aux termes extrêmes où puisse atteindre la science théorique. — Qui ne sent que c’est bien là une conséquence de la doctrine elle-même, et non point une vue qui se justifie par l’état des sciences au temps d’Auguste Comte ? Supposez qu’il eût écrit son livre deux cents ans plus tôt, si les tendances mathématiques de son esprit l’eussent empêché d’atteindre à l’étroitesse de vue d’un Bacon, il eût du moins déclaré impossibles, ou purement fictives et vaines, quantité de notions qu’il présente comme ayant tout naturellement droit de cité dans la science positive : en mathématiques, les nombres négatifs et surtout les nombres imaginaires — puis tout algorithme maniant à quelque degré la chimère de l’infini. En astronomie, il eût énergiquement sans doute refusé au savant, comme il le fait pour les phénomènes de lumière, le droit d’étudier les mouvements des astres autrement que par la géométrie : avec quelle vivacité surtout en eût-il exclu cette incompréhensible chose qu’on nomme force ! et ainsi de suite.
Et de fait, comment les idées d’abord envisagées en elles-mêmes, sorties pour ainsi dire de l’intelligence toute pure du théoricien, finissent cependant tôt ou tard — si fréquemment, au moins — par se prêter à quelque progrès effectif de la science, c’est ce que la doctrine positiviste de la connaissance scientifique aurait quelque peine à expliquer. C’est l’aveu de cette difficulté qui se trouve au fond dans les déclarations d’impuissance ou d’inutilité de toute conception qui, par elle-même, semble dépourvue de conditions suffisantes de positivité. En présence de la loi qui subordonne le progrès de la connaissance au pur désintéressement de la spéculation théorique, la seule attitude permise à toute philosophie positiviste est celle-ci : Plus nombreuses seront les conceptions formulées et essayées, plus
- ↑ Cours de phil. positive, leçon XXXIII.