Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/553

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

P. LAPIE. – ’morale dédoctive. 549

De même. nnnr fonder la rfisnrinsnhilifp il n’oof nno nirascai» Aa De même, pour fonder la responsabilité, il n’est pas nécessaire de supposer que l’homme est un dieu créant e nihilo ses actions par une série de miracles est responsable celui qui est l’auteur, le « père » de ses actes mais auteur et père ne signifient pas créateur ; sans être l’unique cause, l’homme peut être la cause principale de ses actions, de même que le sculpteur, sans avoir créé le marbre, est la cause principale et responsable de la statue. Si, en passant par la conscience, l’acte change de forme, l’ètre conscient peut être considéré comme responsable de ce changement or, le déterminisme psychologique admet que la conscience et la réflexion modifient les actes dans leur forme. C’est donc trop demander que de postuler une liberté réelle pour expliquer la responsabilité. On objectera qu’une apparence est un fondement fragile s’il était démontré que cette apparence est illusoire, le domaine de la morale ne serait-il pas anéanti ? En aucune façon. Ou bien l’illusion démasquée s’évanouirait, ou bien, en dépit de la démonstration, elle subsisterait, mais en aucun cas la morale ne serait détruite. La seconde alternative est la plus probable quand on s’est convaincu que l’homogène pur n’existe pas, croit-on moins aux. mathématiques ?

quand on sait que les sensations ne sont pas dans les doigts, 

est-on moins porté à les localiser ? De même, qu’on nous montre un fataliste assez convaincu pour croire que ses actes ne sont pas siens a-t-il des remords ? se plaint-il de l’injustice d’autrui ? se croit-il obligé et responsable ? on doit avouer que, malgré son effort pour dissiper, l’illusion de la liberté, il pense et il agit comme s’il se croyait libre. C’est que l’apparence de la liberté, si. elle est illusoire, ` est une illusion nécessaire elle répond, en effet, à une réalité, la délibération ; il n’est donc pas à craindre qu’elle disparaisse. Pourtant, admettons sa disparition la morale sera-t-elle ruinée ? Pas plus que la géométrie n’est ruinée, aux yeux du savant qui nie le postulat d’Euclide. Dans la géométrie à n dimensions comme dans la géométrie, ordinaire les principes ,de la raison, sont appliqués, si bien que les théorèmes, en dépit des énoncés contradictoires, sont, dans la première, des traductions en nouveau, langage des proposir. tions de la seconde De même, la morale fataliste, n’est peut-être qu’une traduction de la morale fondée sur l’apparente liberté. – Ainsi, quelle que soit la solution du problème delà liberté, la morale, . Voir H. Poincaré, Revue générale des sciences wures et appliquées, IBdécembre ), p. 771. V ’̃̃•