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G. remaclje. La métaphysique de « Scotus Novanticus ». 613

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créateur d’avoir échoué à réaliser son plan, puisqu’il aurait créé un sujet intelligent sans réussir à lui rendre possible ce en vue de quoi il créait précisément cet être, ce qui constituait « sa raison d’être », c’est-à-dire la connaissance. Cet argument revient à fonder la validité de la connaissance humaine sur l’affirmation d’un créateur et d’un plan divin. Or, à mettre les choses au mieux, nous n’avons le choix qu’entre deux alternatives. Ou bien cette affirmation ne peut être que l’apogée et le couronnement de la connaissance mais alors celle-ci doit rester problématique jusqu’à son terme ultime et l’affirmation finale « Dieu a créé le monde et l’a créé selon un plan de logique humaine », s’établir sans présupposer la validité de la connaissance problématique antérieure ni s’appuyer sur elle, sinon on tournerait dans un cercle. 11 vaut donc mieux prendre tout de suite la seconde alternative puisqu’en fin de compte on serait quand même forcé de recourir, en suivant la première, au moyen que la seconde a l’avantage de nous offrir de prime abord. Ou bien cette affirmation d’un Dieu créateur doit être antérieure à la première connaissance et d’une autre nature qu’elle, puisqu’elle ne serait conditionnée par aucun principe logique (devant, au contraire, les rendre tous valables), c’est-à-dire être de la nature d’une intuition suprasensible et supra-rationnelle dans cette seconde alternative, nous aurions la perception immédiate de Dieu et cette perception immédiate rendrait valables toutes nos perceptions et connaissances médiates. Le réalisme serait fondé, mais toujours sur une perception immédiate d’un être indépendant de nous. Et pourtant, même si cette intuition d’un Dieu créateur nous était donnée primordialement, nous ne serions pas encore assurés absolument de l’objectivité de la connaissance, car il resterait à savoir quel est le « plan divin ». Qui osera l’esquisser ? Et la vraie question, qui domine tout le débat et que l’argument, par une véritable pétition de principe, suppose résolue affirmativement, c’est de savoir précisément si la raison d’être de la pensée, sa fonction est, comme l’affirme Scotus Novanticus avec la généralité des philosophes, « de percevoir ou de connaître ». Si cette raison 3’être, cette fonction -était, par exemple, tout entière renfermée dans la pensée elle-même, sans qu’il fallût considérer autre chose qu’elle, l’argument s’écroulerait. – Objet et sujet sont nécessairement termes d’une relation, objectera Scotus Novanticus. Oui, si vous parlez d’une nécessité logique, formelle, c’est-à-dire que le moi, du moment qu’il se pose en sujet, réclame