Page:Revue de métaphysique et de morale, 1898.djvu/24

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qui a présente toutes ces périodicités de mouvement, depuis les plus petites jusqu’aux plus grandes, depuis les plus rapides jusqu’aux plus lentes, comme la répétition incessante et continue d’un fait toujours le même, l’attraction en raison directe des masses et en raison inverse du carre de distances. — Et ce serait bien mieux encore si, expliquant ce fait lui-même à son tour par une hypothèse audacieuse, toujours chassée et toujours obsédante, on y voyait l’effet de poussées d’atomes éthérés, poussées dues à des vibrations atomiques d’une inimaginable exiguïté, autant que d’une inconcevable multiplicité.

N’ai-je donc pas raison de dire que la science astronomique a de tout temps travaillé sur des similitudes et des répétitions, et que son progrès a consisté, à partir de similitudes et de répétitions uniques ou en très petit nombre, gigantesques et apparentes, pour aboutir à une infinité d’infinitésimales similitudes et répétitions, réelles et élémentaires, qui d’ailleurs, en apparaissant, ont donné l’explication des premières ?

Et est-ce à dire — entre parenthèses — que le ciel ait rien perdu de son pittoresque au fur et à mesure des progrès de l’astronomie ? Nullement. D’abord, la précision croissante des instruments et des observations a fait distinguer dans les gravitations répétées des astres bien des différences auparavant inaperçues et sources de nouvelles découvertes, — de celle de Leverrier notamment. Puis, le firmament s’est amplifié chaque jour davantage, et, dans son immensité accrue, les inégalités des astres, des groupes d’astres, en volume, en vitesse, en particularités physiques, se sont accentuées. Les variétés de configuration des nébuleuses se sont multipliées, et quand, par le spectroscope, chose inouïe, on a pu analyser si merveilleusement la composition chimique des corps célestes, on a constaté entre eux des dissemblances qui donnent lieu d’en affirmer de profondes entre les êtres qui les peuplent. Enfin, on a mieux vu la géographie des astres les plus voisins, et, si on juge des autres d’après ceux-ci, on doit croire — après avoir étudié les canaux de Mars, par exemple — que chacune des planètes sans nombre gravitant sur nos têtes ou sous nos pieds à ses accidents caractéristiques, sa mappemonde spéciale, ses particularités locales, qui, la comme chez-nous, donnent à tout coin du sol son charme à part et impriment, sans nul doute, l’amour de la terre natale au cœur de ses habitants, quels qu’ils soient.