Page:Revue de métaphysique et de morale, 1898.djvu/33

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aux habitudes ou à la prosodie de votre école, et votre originalité même est faite de banalités accumulées et aspire à devenir banale à son tour.

Ainsi, le caractère constant d’un fait social, quel qu’il soit, est bien d’être imitatif. Et ce caractère est exclusivement propre aux faits sociaux. Sur ce point cependant, il m’a été fait par M. Giddings — qui d’ailleurs, avec un talent remarquable, s’est placé assez fréquemment à mon point de vue sociologique — une objection spécieuse ; on s’imite, dit-il, d’une société à une autre, on s’imite même entre ennemis, on s’emprunte des armements, des ruses de guerre, des secrets de métier. Le champ de l’imitativité donc dépasse celui de la socialité et ne saurait être la caractéristique de celui-ci . Mais l’objection a lieu de m’étonner de la part d’un auteur qui regarde la lutte entre sociétés comme un puissant agent de leur socialisation ultérieure, de leur communion en une société plus ample, élaborée par leurs batailles mêmes. Et, de fait, n’est-il pas visible que, dans la mesure où les peuples rivaux, où les peuples ennemis s’assimilent leurs institutions, ils tendent à se fusionner ? Il est donc bien certain que, non seulement entre individus associés déjà, chaque acte nouveau d’imitation tend à conserver ou à fortifier le lien social, mais encore qu’entre individus non encore associés, elle prépare l’association de demain, c’est-à-dire tisse déjà par des fils invisibles ce qui deviendra un lien manifeste.

Quant à d’autres objections qui m’ont été faites, comme elles proviennent toutes d’une très