MÉTAPHYSIQUES.
La théorie de Bain consiste à expliquer l’étendue par le temps, selon lui nous concevrions l’étendue à la suite de plusieurs expériences par lesquelles nous aurions constaté la possibilité de parcourir la même série de sensations dans un certain sens et dans un sens inverse. En comparant les deux séries ABCD et DCBA, je suis amené à me représenter l’ordre de ces sensations comme n’étant pas un ordre de succession, puisqu’il est indépendant du sens dans lequel je les fais se succéder. L’ordre apparaît comme étant le même, quoique je puisse les renverser. J’arrive à me présenter un ordre qui préexistait à la succession. Ce qui fait que je puis sentir ABCD et DCBA, c’est que je me représente qu’il existe un ordre pouvant être parcouru dans un sens ou dans l’autre. La simultanéité serait donc obtenue par la soustraction de deux successions en sens inverse : la simultanéité serait le néant du temps.
Ainsi l’espace se déduirait du temps par abstraction de la direction, du sens du temps, à la suite d’une expérience qui nous fait apercevoir que ce sens peut être interverti.
Il résulte donc de la théorie de Bain que la distinction des sensations ne suffit pas à constituer la diversité des lieux auxquels on les rapporte : nous ne pouvons percevoir l’étendue qu’à la condition de parcourir les sensations et d’en intervertir l’ordre. Pour connaître l’étendue comme existant, il faut que je considère qu’il existe un moyen de rendre possibles les sensations que j’éprouverai ; il faut donc que je reconnaisse entre mes sensations un ordre fixe, mais interversible. Bain, de même que Condillac et Destutt de Tracy, a donc vu que nous ne pouvons connaître l’étendue qu’à la condition d’une action par laquelle nous parcourons nos sensations.
Mais l’étendue est alors déduite du temps. Qu’est-ce donc que le temps, pour Bain ? C’est un ordre inhérent à la sensation même. Or le temps n’est possible que s’il existe non pas seulement un ordre de fait, mais un ordre fixe, un ordre de droit, qui le détermine. On ne peut faire sortir l’espace de la succession qu’à la condition que cette succession soit le temps, mais cela présuppose l’idée d’une détermination des choses les unes par les autres, c’est-à-dire l’idée de l’étendue. La succession en elle-même c’est le fait qu’une sensation en remplace une autre. Le temps c’est un ordre fixe, c’est l’unité de tous les