Page:Revue de métaphysique et de morale, 1899.djvu/375

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SCIENCE ET PHILOSOPHIE

« Ce qui fait donc que de certains esprits fins ne sont pas géomètres, c’est qu’ils ne pe’uvent du tout se tourner vers les principes de géométrie ; mais ce qui fait que des géomètres ne sont.pas fins, c’est qu’ils ne voient pas ce qui est devant eux, et qu’étant accoutumés aux principes nets et grossiers de géométrie, et à ne raisonner qu’après avoir bien vu et manié leurs principes, ils se perdent dans les choses de. finesse, où les principes ne se laissent pas ainsi manier. »

(Pascal, Différence entre l’esprit de ge’omitrie et l’esprit de finesse.

i*

’Introduction.

Sous ce titre Science et Philosophie je voudrais exposer, dans la forme la plus claire et la plus simple que je puisse imaginer, sans vives prétentions à la nouveauté ni gros appareil d’érudition, la manière dont un esprit qui a l’amour des sciences positives, mais qui ne se résigne à rien sacrifier des richesses de la pensée, se représente l’unité du savoir et les rapports mutuels des divers ordres de connaissance.

Ce projet me paraît conforme au programme de la Revue, si l’un des buts qu’elle poursuit est dé restaurer l’antique et glorieuse tradition suivant laquelle savants et philosophes collaboraient à l’organisation d’une doctrine universelle.

Au risque d’écarter provisoirement quelques problèmes – fort intéressants, je l’accorde, mais à propos desquels il n’est pas utile à mon objet que je prenne parti, – mon ambition serait de n’avancer ici que des propositions incontestables auxquelles chacun souscrive. Un terrain d’entente pourrait être ainsi préparé. Pour y parvenir, il s’agit de montrer dans les divergences de jugement sur la supériorité de tel ou tel idéal de connaissance une simple diversité d’orientation intellectuelle. Est-ce une chimère d’espérer que cela puisse aider à un élargissement des opinions ?