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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

faire tort aux autres. Car le corps humain est composé de beaucoup de parties de nature diverse, qui ont continuellement besoin d’un aliment nouveau et varié, afin que tout le corps soit également apte à faire tout ce qui peut suivre de sa nature, et que par conséquent[1] l’âme soit elle aussi également apte à comprendre à la fois plus de choses ».

Le lecteur ne doit pas craindre de méditer trop longtemps là-dessus, ni penser que des considérations de ce genre ne sont ni assez nobles ni assez relevées. La difficulté est justement de comprendre comment la religion est au fond de cela aussi. L’obscurité de la morale spinoziste, qui fait que cette morale risque de paraître trop simple à beaucoup de gens, consiste en ceci qu’elle repose sur l’intuition de l’unité de la substance, de l’unité de notre être, de l’unité de notre âme, et enfin de l’identité réelle et concrète de ces trois unités. Les idées abstraites séparent, dans tous les sens du mot, et ainsi elles sont la seule cause, non seulement de nos discordes intérieures, comme on le peut comprendre d’après ce qui précède, mais aussi des inimitiés qui divisent les hommes et les empêchent de vivre en paix.

E. Chartier.
  1. Puisque le corps et l’âme sont une seule et même chose considérée sous deux attributs différents.