Page:Revue de métaphysique et de morale, juillet-septembre 1927.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rédaction, Henry Margueritte), paraissant tous les trois mois. Paris, Librairie Universitaire Gamber, 1927. — Les deux premiers numéros de cette Revue, qui comble de la façon la plus heureuse une lacune dans les publications françaises, portent en sommaire :

A. Diès, Le Problème de l’Un et du Multiple avant Platon.

A. Rivaud, Platon auteur dramatique.

A. Lacaze, Les théories musicales des philosophes grecs.

A. Gouhier, La première polémique de Malebranche (avec le chanoine Simon Foucher).

L. Lévy-Bruhl, Les tendances générales de Bayle et de Fontenelle.

R. Lenoir, Le mesmérisme et le système du monde.

Ch. Andler, Quelques sources de la philosophie intellectualiste de Nietzsche (1876-1881).

Une bibliographie, méthodique et précise, ajoute encore au prix de la publication, sur lequel les noms des collaborateurs rassemblés par M. Bréhier nous dispensent d’insister. Nous noterons seulement quelques déclarations caractéristiques du directeur en tête de la nouvelle Revue. Pour M. Bréhier, « l’érudition n’a pas sa fin en elle-même », et « les recherches sur le passé ne vaudraient pas une heure de peine si elles ne devaient servir au progrès de la philosophie elle-même ». Mais elles ne seront capables d’un service effectif que dans la mesure où elles auront su se constituer en discipline autonome, en excluant l’intrusion intéressée de l’histoire doctrinaire ou de l’histoire commentaire. Si nous ne forçons pas ici la pensée qui a présidé à la Revue d’histoire de la philosophie, l’histoire elle-même nous conduit à considérer comme un signe de décadence de l’esprit philosophique la mode des systèmes « réchauffés », néo-pythagorisme, néo-platonisme, néo-aristotélisme, dans l’antiquité ou au Moyen Âge, comme néokantisme ou néo-hegelianisme au xixe siècle. Nulle part un tel programme ne pourra trouver un écho plus sympathique et plus profond que dans la pensée dont se sont inspirés jadis les fondateurs de la Revue de Métaphysique et de Morale.

Logos, Rivista Internationale di Filosofia. Année 1926.

Principaux articles : N. Abbagnano, L’Idéalisme anglais contemporain : Janv.-mars : Origines kantiennes de l’Idéalisme anglais ; rapports avec Hegel ; à l’inverse de celui-ci « l’idéalisme anglais tend généralement à séparer le domaine de l’expérience absolue de celui de l’expérience finie, à établir entre elles une diversité radicale, un abîme difficile à franchir » ; — le problème des relations ; — l’avant-garde romantique de l’Idéalisme (Carlyle, Emerson). — L’étude historique de l’Idéalisme anglais suit cette introduction, et se poursuit dans les numéros d’avril-juin (J. et Ed. Caird), de juillet-septembre (Bradley), d’octobre-décembre (Taylor, Joachim). — U. Saffiotti, Critères de prévisibilité des événements psychiques : ces événements sont prévisibles comme les événements physiques, mais à un autre degré et dans des conditions généralement plus difficiles. C’est l’expérience qui nous apprend à prévoir, si nous sommes capables d’apprendre ; ici, comme ailleurs, « la probabilité n’est que le bon sens mis en calcul ». L’importance de la prévision dans le domaine psychique est très considérable (Janvier-mars 1926, commencé dans juil.-sept. 1925.) — U. Redano, l’Infini mathématique (id). — A. Alliotta, l’Irrationalisme contemporain (id.) ; commencé dans juillet-sept. 1925. — P. Gatti, Philosophie du langage (Avril-juin, juillet-sept., oct.-déc.). Contre les affirmations de l’Intuitionnisme (Croce, Bergson), P. Gatti affirme que la langue est une expression juste de la pensée soit intuitive, soit conceptuelle. Les progrès de la langue et les progrès de la pensée se conditionnent réciproquement. Il faut reconnaître la langue, dès l’origine et de plus en plus, comme une création de l’intelligence qui cherche à connaître l’Homo sapiens et non l’Homo faber ; c’est grâce à ce progrès que l’esprit peut mener une vie originale, dont la rationalité est la condition nécessaire. Étude intéressante malgré quelques parties trop diffuses. La position de P. Gatti rappelle souvent les études de L. Couturat sur la logique du langage ; cependant P. Gatti ne paraît pas favorable à la création d’une langue universelle.

F. Albeggiani, Le naturalisme de J.-M. Guyau (Avril-juin, juil.-sept.), étude sympathique et délicate de la physionomie particulière et de l’œuvre de J.-M. Guyau. F. Albeggiani relève les confusions et les inconsistances que présente l’œuvre si tôt interrompue de ce penseur précoce, mais il met en valeur, avec les éloges les plus décidés, toute la générosité, la sensibilité fine, le sens des complexités, en même temps que la rigueur des exigences logiques, qui font de J.-M. Guyau une figure si originale et de son œuvre une lecture richement suggestive quoiqu’elle ne subsiste guère dog-