Rev. Méta. – T. XVI (n° 3-1908). 18
BICHAT ET LA BIOLOGIE CONTEMPORAINE s
savant et pour le philosophe car si le premier sait que la Biologie contemporaine doit pour une part considérable son développement aux principes posés par Bichat, le second à son tour doit se garder d’oublier que la pensée de Bichat a inspiré Maine de Biran et Auguste Comte dans notre pays et qu’en Allemagne Schopenhauer a prétendu découvrir dans certaines idées du médecin français la démonstration anticipée de la vérité de son système. Cependant l’interprétation d’une telle œuvre reste encore à beaucoup d’égards incertaine. La plupart des médecins et des philosophes se sont arrêtés à un jugement sommaire, en tous cas mal motivé, reposant uniquement sur une définition célèbre qui, lorsqu’elle est isolée, c prête à toutes les objections et à toutes les confusions. D’autres ont eu vraiment le souci de pénétrer dans la pensée d’un tel maître ; mais trop dominés à leur insu par l’évolution des doctrines médicales, ils ont négligé ce qui en elle était le plus original, et ils ont un peu violemment rangé Bichat dans un groupe qui peut bien procéder de lui mais qui a peut-être trahi son inspiration essentielle. D’autres enfin ont porté dans cet examen la préoccupation exclusive de la vérité scientifique et tout en jugeant avec une assez grande exactitude la doctrine, ils en ont méconnu la portée historique et la fécondité, attentifs surtout à faire ressortir les erreurs dont elle leur paraissait entachée. Nous avons pensé que pour mieux apercevoir avec ses traits individuels la conception de Bichat, il était préférable d’écarter provisoirement l’étude des doctrines antérieures et de la présenter en elle-même, telle qu’elle se dégage principalement de l’Anatoinie générale et de ses autres écrits1. En nous mettant directe1. Bichat, Traité des Membranes en général et de diverses membranes en, particulier, Paris, 1800. Recherches physiologiques sur la Vie el la Mort, Paris, 1800. Anatomie générale appliquée à la Physiologie et à la Médecine, Paris, ̃1801. A ces trois ouvrages il faut joindre les deux premiers volumes du Traité
