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Page:Revue de métaphysique et de morale, numéro 3, 1911.djvu/63

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L'intelligence et la volonté apparaissent ainsi comme l'expression symbolique de la raison. L'action de chaque être est un effort pour réaliser de mieux en mieux en lui, en en prenant de plus en plus conscience, l'universel, pour s'incorporer en quelque sorte la réalité universelle. Chaque être tend, autant qu'il est en lui, autant que le permet l'enchaînement des causes qui le déterminent, à réaliser en lui l'unité de l’être. Tel est le fondement, dans l'absolu, de la connaissance et de l’action. Mais, en fait, notre intelligence n'arrive jamais à donner d'une chose quelconque une explication mécanique complète : elle affirme sous l'action de cette pensée absolue qui lui est immanente, beaucoup plus qu'elle n'est en mesure de prouver. D'autre part, si nous considérons le dedans des êtres, quoique la fin, à laquelle ils tendent, soit bien universelle, néanmoins par le fait même que dans chaque être l'intelligence est nécessairement en devenir comme le reste, c'est-à-dire que la conscience de la fin réellement poursuivie n'est pas donnée, il en résulte qu'ils poursuivent l'universel sans le connaître, sans s'en douter, et en définitive ne tendent qu'à se réaliser eux-mêmes, si bien que, s'il est vrai que le principe de la nature, c'est la tendance à réaliser l'être universel, cela n'est vrai que dans l'absolu. En fait les êtres particuliers ne réalisent jamais complètement en eux l'identité du particulier et de l'universel. La réalité ne répond jamais en eux à ce que notre intelligence exige, c'est-à-dire à une double détermination, par le mécanisme universel, et par l'action intérieure que l'idée de l'universel exerce sur eux. Il y a cependant un cas où cette identité se réalise, et où par suite se produit en nous la certitude de l'existence de Dieu, inséparable de sa présence et de son action en nous : c'est l'acte moral. Ce qui constitue cet acte, c'est d’une part la pleine conscience que la fin véritable de notre nature est l'être universel, et d'autre part un mouvement de notre nature conforme à cette fin. Agir moralement, c'est vouloir qu'il y ait de l'être, que l'être universel soit ; et cette volonté n'implique pas seulement l'existence d'une nature capable de subir cette action ; car si cette nature lui était radicalement rebelle, qu'est-ce qui nous permettrait d'attribuer à notre action une valeur, et qu'est-ce qui nous prouverait que ce que nous prenons pour le sentiment de la réalité n’est pas une illusion ? Il faut de plus, pour que nous ayons la certitude du contraire, qu'au sacrifice volontaire de nous-même à autrui, de notre plaisir, de