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Rev. Meta. T. XXII (n° 3-1914). 20

Je ne puis évoquer le souvenir de Frédéric Rauh sans le revoir dans la petite salle du gymnase de Heidelberg où, peu de mois avant sa mort, un jour de septembre 1908, il prépara malgré sa fatigue, au prix d’un effort presque douloureux, sa communication sur l’Idée d’expérience, la dernière manifestation que nous possédons de son labeur philosophique. Averti que son tour était venu de prendre la parole, il eut un geste de découragement, non le geste du conférencier qui redoute d’affronter son public, mais celui du penseur qui n’a pu se satisfaire lui-même, qu’on oblige à produire une œuvre inachevée, qui a trop à dire, dont les idées bouillonnent encore en pleine fermentation. Et ce geste m’apparaît maintenant comme une protestation contre l’interruption définitive obscurément pressentie, que personne, sauf lui peut-être, n’entrevoyait alors si proche. Le zèle pieux de quelques disciples s’est employé à rendre l’œuvre moins inachevée. Les Etudes de morale recueillies et publiées par MM. H. Daudin, M. David, G. Davy, H. Franck, R. Hertz, J. Laporte, R. Le Senne, H. Wallon, apportent à l’Expérience morale un triple complément. Nous y trouvons d’abord une Critique des théories morales par laquelle Rauh établit son droit de rechercher dans un domaine si exploré une voie nouvelle,’les routes les plus suivies conduisantà mille sophismes qu’il dénonce inlassablement. Vient ensuite une application de la méthode proposée à deux très gros problèmes, celui de la patrie et celui de la justice. Et ces enquêtes nous montrent comment Rauh entendait qu’on éprouvât un idéal, combien laborieuse et sévère -il concevait cette expérience, par combien de recherches convergentes il voulait que la conscience contrôlât son inspiration. Enfin, et peut-être surtout, la dernière partie des Etudes Revue de Année 22

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LA MORALE DE RAUH

« II y a dans toute pensée de la réalité et de l’action. »

{Études de morale, p 401).

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