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plus proches du particulier (exposé très lucide et intéressant).

Anno XII (le no 1 n’est pas parvenu). — No 2, avril-juin 1920, G. A. Colozza, L’effort collectif : observations de bon sens sur la fécondité des efforts dirigés vers un même but par des groupes de plus en plus nombreux, quand l’accord est réel et profond.

F. Orestano, Vers de nouveaux principes : il est inutile d’espérer la paix entre les esprits comme une assimilation, ou comme l’établissement d’une moyenne entre les inclinations adverses. Mais la philosophie collaborant avec toutes les sciences particulières peut établir une critique de la pensée, reconnaître les limites de chaque direction (sans en nier ni détruire aucune), fonder enfin l’économie de la vie humaine et de ses valeurs.

G. Capone Braga, Le criticisme critiqué par les idéologues français et italiens : la philosophie de Kant a été critiquée par des « idéologues » français et italiens dès la fin du xviiie siècle et dans le premier tiers du xixe. Destutt de Tracy lui reproche (1802) d’avoir un système, tandis que Condillac s’en tient sagement à une méthode. Il rejette l’a priori kantien et les « formes » de la sensibilité.

En Italie, Soave attaque (1803), par de bonnes critiques, la théorie de Kant sur le temps et l’espace ; les catégories et les rapports entre la raison pure et la raison pratique. La critique de Baldinotti (1817) est brillante mais assez incohérente. Celles de Borelli (1824) et de Romagnosi (1828-1829) discutent la théorie des jugements synthétiques et (Romagnosi) le subjectivisme kantien. Bonfandi (1830) admire Kant, dont il a vu les idées populaires par toute l’Allemagne, mais lui adresse une critique « empiriste », très finement faite, qui rappelle Destutt de Tracy et la méthode de Condillac ; mais il a une meilleure connaissance du système critiqué (étude très bien conduite et intéressante).

No 3, juillet-septembre, E. Troilo, Pour Robert Ardigo. Paroles prononcées à l’ouverture du quatrième congrès de philosophie italienne, le 25 septembre 1920, en l’honneur du philosophe récemment disparu.

B. Varisco, Culture et philosophie : sur l’importance de ne pas perdre de vue l’unité des sciences, de la culture, des problèmes de la vie.

C. Ranzoli, Le temps et l’éternité dans la philosophie de Plotin : Plotin a critiqué la doctrine d’Aristote sur le temps ; mais ses critiques sont fragiles, parce qu’elles dérivent en bonne part de sa supposition préalable que le temps est distinct et indépendant du mouvement, qui ne le mesure que par accident. Plotin observe que, si le temps est infini, il doit exister avant que d’être mesuré ; mais Aristote avait répondu d’avance à cette objection, en démontrant que toute portion du temps est dans le temps, et que l’infinité du temps est potentielle comme celle du nombre.

G. Marchesini, La rédemption des instincts : le moraliste et l’éducateur ne doivent pas considérer les instincts comme opposés et rebelles à la morale, mais comme les sources profondes de l’activité ; il faut veiller à leur éducation et, quand il y a lieu, à leur redressement ; on peut seulement guider une psychologie bien informée et qui observe les lois mêmes de la nature.

No 4, octobre-décembre, B. Croce, L’efficacité politique de la philosophie : la philosophie, en progressant, se rapproche de la pratique, et elle doit pénétrer la politique par l’intelligence de l’histoire.

A. Aliotta, La révision des principes de la science.

R. Mondolfo, Le problème social contemporain : pour résoudre équitablement le problème social contemporain, il faudrait surmonter deux erreurs, que les événements récents ont mises l’une et l’autre en vive lumière : le volontarisme excessif des dirigeants, qui s’imaginent pouvoir tracer la voie des masses populaires, en promulguant des lois, sans s’informer des instincts ni des besoins des peuples ; le fatalisme de la théorie marxiste, qui présentait l’avènement du prolétariat comme une nécessité historique inéluctable. L’un et l’autre système contiennent une part de vérité, qu’il faut conserver, en l’éclairant d’une science précise et d’un enthousiasme sincère pour la liberté et le bien public (entendu même en un sens international). Les classes populaires, si elles veulent devenir classes dirigeantes, doivent garder et fortifier le sentiment de leur responsabilité morale dans l’histoire.

F. Enriquez, Rationalisme et mysticisme : des traces de la mentalité mystique primitive sont aisément reconnaissables dans le « rationalisme » de la plupart des savants et des philosophes.


Saint-Germain-lès-Corbeil. — Imp. Willaume.