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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE

SUPPLÉMENT
Ce supplément ne doit pas être détaché pour la reliure.
(No DE JANVIER 1909)

LIVRES NOUVEAUX

La synthèse mentale, par G. Dwélshauvers, 1 vol. in-8 de 276 p., Paris, Alcan, 1908. — La notion de synthèse mentale joue aujourd’hui un rôle prépondérant en psychologie. Une activité synthétique, une force unifiante, telles sont les définitions que la psychologie contemporaine préfère lorsqu’elle essaie de rendre compte de la nature de la conscience et de ce qui la caractérise dans ses manifestations les plus essentielles et les plus élevées. M. Dwelshauvers commence par montrer, à la lumière de cette notion, comment il convient d’envisager l’activité mentale dans ses rapports avec l’activité cérébrale. Perception sensible, représentation, conception des objets sont des actions synthétiques, et non des résultats d’enregistrements passifs ou des combinaisons d’éléments qui seraient des « dépôts » ou des « résidus » de sensations. La conscience n’est ni un épiphénomène, ni la résultante de l’attraction mutuelle des images. La pensée n’est pas non plus la résultante de l’attraction des concepts. Dans la perception sensible, l’unité ne provient pas des mouvements cérébraux, qui sont multiples et se produisent en diverses régions du cerveau, mais de l’acte de l’esprit. Il ne se forme pas d’image cérébrale, et les actions physico-chimiques qui s’effectuent dans le cerveau ne permettent aucune assimilation avec l’acte perceptif. Il y a là une dualité insurmontable. D’autre part, tout tend à prouver que la vie mentale dépasse en richesse l’ensemble des mouvements cérébraux qui l’accompagnent et qu’elle est, par rapport à l’état du système nerveux, en avance. Elle anticipe sur cet état ; elle établit des voies de communication et ne se sert pas de voies préparées à l’avance ; elle est essentiellement effort, inextensivité, dynamisme. M. Dwelshauvers aboutit ainsi à une conclusion analogue à celle de M. Bergson : le rejet du parallélisme psycho-physique. On perd de vue, ajoute-t-il, la question véritable des rapports du cérébral et du mental en voulant attribuer au cerveau un rôle qu’il n’a pas, la formation d’images, l’activité de pensée, l’idéation.

Si l’on poursuit l’analyse en vue de dégager les caractères véritablement psychologiques de la vie mentale, on découvre de plus en plus l’insuffisance et l’incompatibilité des catégories de la connaissance ordinaire, qui est la connaissance du monde extérieur et des relations physiques ; on ne peut guère actuellement que suggérer par des analogies et des métaphores l’idée de sa spécificité rebelle aux cadres rigides du mécanisme ; on peut, par exemple, la comparer à un ensemble indéterminé « de courants de force et de qualité différentes, sur lesquels tombe un éclairage toujours changeant, avec des jeux infiniment variés d’ombre et de lumière », la continuité de la conscience étant « assurée par le mouvement et la profondeur de la vie inconsciente », qui jamais ne s’arrête ni ne se lasse. À cette réalité mouvante ni les catégories spatiales ni la liaison de causalité objective ne sauraient s’appliquer. « Le fait mental diffère essentiellement du phénomène en ce que toute prévision, en ce qui le concerne, est impossible. » La causalité physique ne répond nullement aux faits de la vie mentale ; et celle-ci ne peut se comprendre sans une théorie de la liberté. Le problème psychologique de la liberté n’a pas de solution si on le pose dans les cas d’espèce, à propos d’un acte déterminé, considéré isolément. La liberté ne peut avoir de sens en psychologie que pour une suite d’actes, pour l’ensemble d’une activité. L’acte volontaire, peut-on dire encore, est d’autant plus libre qu’il fait