Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 1, 1910.djvu/14

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u – choses économiques. L’autre thèse, plus apparente dans la théorie des classes, reconnaît que « les hommes font leur histoire », et nous invite à scruter leurs [ mobiles. Analyse, trop vite arrêtée, malheureusement, par cette préférence pour l’automatisme qu’entretient chez Marx et. Engels leur Mgelianisme retourné. Les conséquences de ce dualisme, M. Hammacher ne manque pas de les indiquer chemin faisant en résumant et les principes généraux’ et les applications particulières de la dialectique depuis les hypothèses d’Engels sur le communisme primitif jusqu’aux trois théories (théorie de la socialisation de laproduction, théorie du profi t décroissant; théorie des crises multipliées), par lesquelles RTars explique Les « contradictions de la grande industrie. C’est dire que,, dès cette seconde partie, la critique se mêle à l’exposé. Elle se donnelibre cours dans la troisième partie. M. Hammacher reprend une à une, pour définir ce qu’on en peut garder, ce qu’il en -faut éliminer, toutes les thèses qu’il a exposées. Il s’efforce de synthétiser ses critiques en rattachant l’étroitesse des explications marxistes au besoin qu’éprouvaient Marx et Engels de réagir contre l’idéalisme. Pour dépasser le dualisme qu’on sent à:: l’oeuvre dans leurs thèses, il faudrait en revenir à une nouvelle « intuition in- "̃" telleetueile » qui, comme elle cesserait d’opposer la nature et l’esprit, nous révèlerait aussi, sous les oppositions des classes, te développement d’un même esprit collectif, dont les Weliaiuchauungen successives se traduisent simultanément et par les différents types d’orbaaisation économique et par les diverses = idéologies. La loi ainsi révélée ne serait pas seulement, cela va de soi, une loi causale, mais d’abord et surtout une loi de fiaalité. L’auteur est de ceux qui pensent que l’éthique doit être une « science, norma^ tive »} qui fournisse à la conduite, avec des principes universels, un idéal organisateur. Il prêche donc lui aussi le retour à Kant. Mais il veut compléter le formalisme kantien par la considération, des « valeurs que le progrès même de la civilisation a constituées, par le souci de la « culture ». Le socialisme est-il donc nécessaire au maintien des valeurs? C’est la question finale. L’auteur estime qu’à ce point de vue même le socialisme n’est pas sans danger. antidémocratique, parce qu’elle suppose une stricte hiérarchie, la socialisation des moyens de production pourrait à’ ses yeux avoir de redoutables cotiséque Marx a pu apprendre des socialistes français, de Saint- Simon – sur lequel à notre sens il faudrait insister davantage et surtout de Proudhon, pour lequel M. Hammacher paraît avoir une particulière sympathie. Mais pourquoi M. Hammacher, qui cite tant de commentateurs, paraît-il ignorer et le Commentaire du manifeste communiste de Gh. Andler, et la Pkïloscsopkie de Feuerbach d’A. Lévy, et le Zur Gesckiekle des modeiiien pMlosophischen Sosialismus, de D. Eoigen?). Dans la deuxième partie, après avoir su îvi pas à pas les interprétations qu’Engels, dans YAnti-Dûfiring, propose du matérialisme historique appliqué à la logique, à la science de la nature inorganique, à la science de la nature vivante, et montre comment les fondateurs de la doctrine, tout pénétrés encore de panlogisme hégélien, devaient fatalement osciller entre la méthode inducUveet la méthode déductive, l’auteur emprunte, pour exposer la théorie dans ses applications à la science des sociétés, la distinction de Comte entre le point de vue statique et le point’de vue dynamique. (On peut se demander si cette distinction convient bien à la pensée marxiste Marx s’est-il préoccupé d’autre chose, en somme, que d’expliquer le devenir, le mouvement, le progrès des sociétés? ) Sous la rubrique Statique sociale, M. Hammacher résume ce que disent de plus général Marx et Engels de la dépendance où se trouve, vis-à-vis de la substructure économique, la superstructure idéologique. A ce propos il fait observer, contre Barth.que Marx ne nie nullement l’influence des facteurs naturels (le sol, la race) sur l’organisation économique des peuples seulement ces facteurs sont constants, et, par suite, ne sauraient expliquer les changements qui se produisent dans cette organisation. De même, Stammler paraît à tort accuser Marx d’avoir méconnu les formes juridiques que comporte toute organisation économique la théorie des rapports de production fait à ces formes la place nécessaire, et Marx refuse formellement de confondre Féconomie politique avec la technologie. Enfin il n’est pas exact que l’explication marxiste élimine toute psychologie c’est une des choses qu’Adler a bien’mises en lumière. – Ce qui reste vrai, c’est qu’il faut distinguer, dans l’explication marxiste, entre deux thèses, une thèse proprement empirique et une thèse psychologique. La thèse empirique viserait à tout expliquer par une sorte de mouvement spontanée par le développement extérieur de la force des