Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 2, 1907.djvu/10

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et le rapport de ces deux syllogismes, c’est-à-dire l’unité dans la différence, comme dit M. Abbott. Par là se résoudra enfin le conflit entre le rationalisme et l’empirisme, car par là se concilient Aristote et Darwin.

An Introduction to Logic by H. W. B. Joseph, Fellow and Tutor of New-College, in-8 de VIII-564 p., Oxford at the Clarendon Press, 1906. — M. Joseph insiste avec trop de modestie peut-être sur le caractère élémentaire de son ouvrage. S’il est composé pour les étudiants anglais, du moins leur apporte-t-il avec une clarté qui est méritoire en pareille matière, la substance de la logique classique, tout à la fois reprise à sa source authentique (Doctrine des catégories et des Prédicables) et relevée d’applications à la science moderne, quelquefois même de critiques concrètes. (Voir dans le chapitre XX, Rules of Cause and Effect, la discussion du rapport de la Commission appelée en 1834 à rechercher les causes de l’accroissement du paupérisme depuis le commencement du siècle). Mais ce qui fait de ce manuel une « introduction », c’est la délimitation du cadre : quel rapport les différentes parties de l’ancien édifice logique soutiennent-elles entre elles, quel rapport surtout soutiennent-elles avec la logique qui est en train de se constituer en connexion avec le développement de la science moderne ? Ces questions, M. Joseph possède assurément les qualités requises pour les traiter avec succès, sa discussion approfondie du rapport inverse entre la compréhension et l’extension en est une preuve. Nous devons noter qu’il s’en est systématiquement abstenu ; mais nous retiendrons aussi que pour être en état d’aborder avec profit l’étude de la logique nouvelle, il est nécessaire de se donner comme point de départ la discipline traditionnelle dont son livre fournit l’image authentique.

Une autobiographie, par Herbert Spencer, traduction et adaptation par Henry de Varigny, docteur ès sciences naturelles, avec la collaboration de Mlles J. de Metral-Combremont et G. de Varigny, 1 vol. in-8 de III-550 p., Paris, Alcan, 1907. — Traduction, très heureusement abrégée, de l’ouvrage en deux volumes dont nous avons déjà rendu compte (septembre 1904, supplément). « Le traducteur a pensé que ce qui intéresserait le plus les amis et les admirateurs français de Spencer, ce seraient, d’un côté, les pages relatives à la formation, à l’évolution et au développement de la pensée du philosophe ; de l’autre, les pages qui permettent le mieux de faire connaissance avec la nature morale de l’homme, lequel était peu connu. »

Il problema della libertà nel pensiero contemporaneo, par G. Calô 1 vol. in-18 de 228 p., Rome, Sandron, 1907. — Ce volume est consacré presque exclusivement à l’examen des philosophies « contingentistes » françaises, dans lesquelles M. Calô voit avec raison la source et la forme premières, par l’intermédiaire de W. James, du « pragmatisme » à la mode à l’heure qu’il est. L’auteur a lu de fort près Renouvier, Boutroux, Bergson et leurs successeurs : peut-être a-t-on regretté que l’exposé qu’il en donne soit si fragmentaire, et distribué entre les trois chapitres de l’ouvrage : le premier consacré au développement historique du contingentisme ; le deuxième aux rapports de la contingence et de la liberté ; le troisième à la solution pragmatiste. Peut-être aussi la forme de l’œuvre, compacte et lourde, ne sert-elle pas une pensée souvent intéressante et subtile.

Pour l’interprétation même des doctrines, l’on peut trouver que M. Calô confond trop, avec le phénoménisme de Renouvier, les théories de MM. Boutroux et Bergson, qui semblent bien appartenir, au moins en partie, à un autre courant de pensée. Est-il bien exact, par exemple, de prétendre que M. Boutroux fait évanouir le moi dans une série de représentations discontinues et hétérogènes, et qu’il supprime toute substance ? — C’est d’ailleurs à cette critique fondamentale que se rattachent toutes les objections et les discussions de M. Calô : mettre partout la contingence pour rendre possible la liberté, c’est compromettre la science sans sauver la moralité : car celle-ci exige beaucoup plus que la simple contingence ; les idées de choix et de volonté, de devoir et de responsabilité, perdent tout sens parmi la succession de représentations sans lien, sans loi et sans support dont se contente Renouvier lorsqu’il reste conséquent avec le phénoménisme de ses principes ; et elles s’évanouissent de même dans la « vie vécue » des Bergsoniens, tout intuitive et sentimentale, alors qu’il n’y a de devoir et de moralité que par une conscience, réfléchie et qui passe sous les formes intellectuelles. — La solution de M. Calô consiste, d’ailleurs, en un simple retour à la conception classique d’un moi substance, créateur de force lorsqu’il introduit ses actes dans l’univers physique, et capable d’un libre choix entre le bien et le mal, choix qui suppose une vérité absolue, indépendante de la volonté des pragmatistes comme de l’intuition des