Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 2, 1909.djvu/5

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principe de causalité comme principe « dynamique » !

De la Méthode dans les sciences, par H. Bouasse, Pierre Delbet, E. Durkheim, A. Giard, A. Job, F. Le Dantec, L. Lévy-Brühl, G. Monod, P. Painlevé, Em. Picard, Th. Ribot, J. Tannery, P.-F. Thomas. 1 vol. in-16, de 412 p., Paris, Alcan. — Ce recueil de méthodologie réunit les idées des savants « les plus représentatifs » de chaque science particulière, de manière à former « comme une série de petits discours sur les méthodes » (Avant-propos, p. 3). M. P.-F. Thomas, en s’adressant à des maîtres dont l’autorité est reconnue de tous, et en demandant à chacun d'eux de formuler, en toute indépendance et sans aucune préoccupation de programme, sa conception personnelle des principes et des procédés de découverte dont il a pu directement expérimenter la valeur, a voulu éviter les inconvénients des manuels ordinaires, œuvres de compilation dont les auteurs eux-mêmes confessent l’insuffisance. Idée ingénieuse, louable par le désir d’exactitude qui l’inspire et par l’intention, qui est de « faire réfléchir » plutôt que de « dogmatiser » Nous croyons, toutefois, que ce livre sera plus profitable aux professeurs qu’aux élèves, parce que les rudiments de la philosophie scientifique elle-même ne se peuvent véritablement enseigner que sous la forme d’une











certaine unité, minimum indispensable de « dogmatisme », sans lequel il n’est é pas d’œuvre didactique. Ce. minimum a d’unité, et par suite de dogmatisme, l englobant les diverses branches de la f. connaissance humaine, l’éditeurdu recueil q paraît, d’ailleurs, en avoir reconnu l’uti— f lité, car le premier chapitre, dû à la 1 plume de M. E. Picard, traite de la c science en général ; il décret les caractères c communs des sciences particulières, et 1 note les grands traits distinctifs des 1 sciences physico-chimiques et des sciences ( biologiques ; il met en lumière la relativité ( du savoir ; il dénonce l’illusion des pen— < seurs qui, comme Renan, espéraient que s la science positive nous livrerait tout le < secret des choses, et il conclut en délinissant la foi scientifique par « le postulat de la convergence », espérance de trouver, au bout du labeur des générations, une unité, « déjà rêvée par les sages d’Ionie, dont la découverte sera peut-être quelque jour l’honneur de l’esprit humain ». Aussi bien n’est-ce pas trop de philosophie et trop de réflexion, nécessairement dogmatique par sa nature même, qu’on pourrait reprocher aux programmes de l’enseignement secondaire actuel, mais, au contraire, une diversité trop peu harmonique de connaissances élémentaires mal coor-. données. Ce n’est pas en faisant défiler devantles jeunes entendements les images disparates du kaléidoscope des sciences particulières qu’on développera le véritable esprit scientifique. « Beaucoup d’hommes de science, hors de leur domaine spécial, se contentent des vues les plus incomplètes a dit récemment Alfred Fouillée. Critique, qui pourrait s’appliquer à certains chapitres du recueil de M. Thomas, dont les auteurs n’ont pas scrupuleusement respecté les limites de leur objet et ont « philosophé » un peu à tort et à travers.

Ces réserves faites, signalons les excellents articles de MM. Jules Tannery, Painlevé, Bouasse, Job, Ribot, Durkheinu et G. Monod, sur la méthode en mathématiques pures, en mécanique, en physique, en chimie, en psychologie, en sociologie et en histoire. La compétence et l’autorité de ces savants était a priori une garantie de la valeur de leurs aperçus. On peut ajouter que, par la clarté et la maîtrise de l’exposition, la rigueur de la critique des principes, et l’absence de toute considération de métaphysique aventureuse, ils constituent chacun une sorte d’organon, particulièrement précieux pour les philosophes qui en goûteraient comme il convient la positivité de bon aloi.

Programmes détaillés d’un Cours élémentaire de Philosophie. Introduction el Psychologie. – Logique et Philosophie scientifique. – Éléments de Metaphysique. Morale et Notions d’Esthétique, par MARCEL BERNÉS, professeur de philosophie au lycée Louis-le-Grand, Paris, 1908. – « ’Ce livre n’est pas un cours ; il n’est pas non plus le résumé d’un cours. Ce sont bien des programmes, où l’auditeur novice doit trouver d’avance l’indication précise des points principaux de chaque sujet, de leur enchaînement, des difficultés qui s’y rapportent. L’idée originale de M. Bernés a été de tirer de son enseignement philosophique un exposé synthétique où nulle part la liaison des idées, la sincérité du jugement, le sentiment de la complexité des problèmes et de l’incertitude des solutions ne soient subordonnés à la simplicité artificielle et à l’apparente clarté des formules. Aussi son œuvre s’adresse-t-elle non pas seulement à l’auditeur novice, mais encore à l’étudiant déjà mûri qui doit revenir sur les questions qu’il a eu l’occasion d’étudier à travers différents livres ou articles, afin de mettre en ordre ses propres conclusions, au grand public enfin’qui veut