Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 3, 1913.djvu/20

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20 – sèurs, statisticiens de l’avenir, les vides qu’ils auront à combler. Vous voulez trouver des notions coordinatrices; vous cherchez à dégager l’essence même de la classe ouvrière, par le peu d’importance. attribuée à la dépensé logement.. Quelle est la valeur des résultats que. vous trouvez? Je ne vous cacherai pas qu’ils appellent quelques- réserves. Votre travail est difficile à lire, parce que, d’abord, la composition en est bizarre: vous commencez par une dissertation sur la notion de, classe, puis revenez sur la méthode employée enfin vous retournez aux niveaux de vie; l’ensemble est inharmonieux. L’exposition ebt claire, mais, quelquefois, la. pensée est enveIoppée, les idées mal annoncées, les expressions imprudentes. P. 20. « II me parait contradictoire (dites-vous) de supposer qu’une classe existe sans .prendre conscience d’ellemême. » C’est difficile à soutenir. Toute classe supposerait alors une conscience de classe? Mais l’ouyrière en chambre n’a pas conscience d’appartenir à une classe, comme un métallurgiste syndiqué. Le sentiment -d’une similitude plus ou moins vague est autre chose que la notion claire d’une communauté d’intérêts. M. Halbwachs. Si l’on désigne par « classe » un groupe dans lequel la conscience n’est pas encore développée, on entend qu’elle s’y développera. La conscience d’une solidarité- d’intérêts, ditesvous, définit une classe. Non. Il y a des groupes qui se forment par solidarité d’intérêts (groupes tactiques) sans être des groupements de classe. M. Bougie. C’est un difficile problème que vous soulevez là. Quand même il existerait, suivant vous, des institutions permanentes, cela ne suffirait pas pour prouver l’existence d’une conscience de classe. Mais alors, quels moyens avez-vous de présumer qu’une telle conscience existe? La classe moyenne commence à prendre .conscience d’elle-même en Autriche et en Angleterre. En France cela ne prend pas. M. Halbwachs. Vous opposez à ma méthode une autre méthode. Je ne dis pas que si j’avais à poser le problème de l’intensité de la conscience de la classe ouvrière et non point un prcblème d’existence, je ne tiendrais pas compte de ce que vous dites. Quant à dire que telle organisation définie, qui concerne les ouvriers d’une industrie donnée dans une .région donnée, révèle l’existence d’une tendance collective, je.ne le nie pas, mais ce. n’est pas à dire que ces ouvriers aient penses de façon dilTérente suivant leur métier et la ville où ils habitent. Ensuite, comme résultat positif, on peut considérer comme confirmées les lois posées par le statisticien belge Bngel". A mesure qu’on s’élève dans l’échelle des revenus, la dépense nourriture diminue proportionnellement. Mais il y a des variations brusques des ménages qui passent d’une classe à l’autre ne changent point d’habitudes. Engel s’est trompé,, pourtant, lorsqu’il a cru que la proportion loyer-vêteinenl reste constante, c’est faux: lorsque le revenu augmente, le loyer diminue, le vi-tement prend plus d’importance. Iteste à interpréter ces résultats.. D’abord la classe ouvrière se caractérise, à égalité de revenus, par une différence de répartition par rapport aux autres classes. A quoi cela tient-il? Et, notam-,ment, quelle dilTérence y a-t-il entre un ouvrier et un paysan, au point de vue. des dépenses? Hemarquons que, chez les paysans, la vie domestique et la vie technique se pénètrent c’est ce qui les caractérise. -u contraire, les ouvriers sont rassemblés, pour le travail, dans les usines. Ayant étudié diverses industries, je suis arrivé à cette conclusion que l’ouvrier se caractérise par le fait qu’il est confronté avei1 la matière et entretient moins de rapports avec l’homme que l’employé. Il reçoit bien des ordres, mais les exécute sur des choses. Si donc, dans une société, il y a des jugements de valeur, elle considérera comme inférieurs aux autres ceux de ses membres qui, par leur travail, sont obligés de sortir des relations sociales. C’était déjà l’idée d’Adam Smith, et je la crois juste. L’industrie isole les hommes et les transforme en machines. C’est à l’aide de cette définition de la classe ouvrière que j’ai compris pourquoi le besoin vêtement-distraction est le plus fort chez les ouvriers. Le besoin de la. vie de famille est rudimentaire. L’ouvrier est désociatisè M. Bougie. Votre exposé est tropmodeste. Vous n’avez parlé qu’en enquêteur or, vous avez écrit en constructeur. C’est, d’ailleurs, cette réunion qui est, chez vous, particulièrement précieuse, car je n’oublie pas que vous avez montré,, par ailleurs, de rares qualités d’enquêteur. Je vais parler de votre construction. Certes, vous tirez tout ce que vous pouvez de vos matériaux. Mais ce que vous n’en tirez pas est très intéressant aussi; vous êtes arrêté, et vous nous dites pourquoi, en sorte que vous indiquez à vos succes-