Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 3, 1913.djvu/26

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26 M. Delacroix.– Je ne vous dirai pas longuement tout le bien que je pense de votre travail. Il est d’un grand intérêt, apporte des connaissances solides, et est ̃ un ^acquis -’sériepx pour ta science française. Je me contenterai de vous signaler quelques omissions. et d,e vous faire quelques remarques de détail. Une première portera sur l’importance que vous donnez -à la définition de la béatitude à laquelle Descartes se réfère (voyez p. 34, art. 53); vous vous reportez au passage du Feuillant la béatitude consiste dans la contemplation de Dieu. Ce’passage ne contient rien de plus que la doctrine courante et universellement admise dans le catholicisme. ̃ M. Gilson répond qu’il n’a pas vu dans cette définition une nouveauté ou une originalité, quelconque. Il l’a gardée parce qu’elle était simple et commode. M. Delacroix. – ̃ Permettez-moi encore une remarque sur les textes rapportés aux mots connaissance intuitive et vision béatifique,(p. 53, 87). Ils sont trop peu nombreux..Vous eussiez pu en trouver beaucoup dans saint Thomas et dans Suarez. Vous eussiez pu également comparer la connaissance intuitive de Descartes avec celle dé ces scolastiques. Dans la connaissance intuitive, le corps ne joue plus-aucun.rôle; nous sommes pareils aux anges, comme si nous étions esprits purs. M. Gilson n’a pas multiplié ces textes simplement pour des raisons matérielles. Pourtant il reconnaît que Suarez surtout eût pu lui en donner. ̃ li. Delacroix. Je ’viens à la question de la Foi (p. 64-125). -Vous semblez supposer que, sur ce point, Descartes tient "plus de saint Thomas que de Suarez. Il me semble _au contraire que c’est avec Suarez que Descartes a les plus grandes ressemblances. Ils: usent souvent des mêmes divisions. M. Gilson reconnaît que Descartes a très bien connu Suarez et que, peut-être, certaines ressemblances ne peuvent guère s’expliquer que par des emprunts. M. Delacroix. Quant à la question de savoir _si l’infidèle qui croirait pour des raisons vraisemblables, mais fausses, serait sauvé, Descartes ne la pose pas, saint Thomas non plus q, fortriori. – Enfin je constate quelques lacunes dans votre ouvrage Ascedia, par .exemple, n’y figure .pas. Mais je ne veux pas insister; votre travail est excellent. ils devaient avoir place dans l’Index. M. Lalande. Alors, pourquoi certaines lacunes, par exemple celle du « Lexieum » de Goclenius? M. Gilson. (ioclenius était d’un esprit opposé a celui de la scolastique.; M. Lalande reproche ensuite à M. Gilson de n’avoir point toujours répété où il fallait les rubriques utiles ainsi, on. trouve concept objectif et non «objectif ,j Vous avez violé, lui dit-il, un des principes les plu sessentiels de la, fichotechnie » à savoir, réunir sur le même sujet le plus «rend nombre de fiches possible. Pourquoi ne trouve-t-an pas, dans un Index cartésien, l’article « Indifférence »? Descartes donne pourtant quelque valeur au mot dans certaines expressions; comme « liberté d’indifférence ». -• M. Gilson. C’est là un terme proprement cartésien, et qui n’est pas emprunté la scolaslique. Du moins, on ne le rencontre pas dans l’enseignement de La Flèche, auquel nous avons voulu nous limiter, – Pour en revenir à la question de l’article « Indifférence », je ne veux. pas dire que l’expression n’existait pas dans ’s les disputes des théologiens, mais qu’elle n’était pas employée dans renseignement, philosophique de La Flèche, qui, seul, nou, intéresse ici. La distinction entre.. « l’indifférence positive » et « l’indifférence négative » existe chez nombred’écrivains antérieurs à Descartes. Mais. Molina (cf. ,1e renvoi fait par moi à la pâtre 196. note 1 nous dit nettement que ce n’est pas là une question physique, mais.. théologiqne. C’était un sujet de dispute entre les théologiens, que les définitions. de ces termes: quel auteur n’aurait-il pas fallu alors renvoyer? C’était là, d’ailleurs, des termes employés .exclusivement dans les discussions théologiques et qui n’avaient pas pénétré dans l’enseignement de La Flèche. ̃ M. Lalande reproche ensuite à M. Gilson,de n’avoir pas généralisé, dans ces ci.ta^ tions de Descartes, la méthode. ’des. extraits importants de textes (comme il le fait p. 32S à propos du terme « volonté »). Parfois, il se sert de petits » fragments qui n’ont pas, isolés, leur sens,, complet (p. "5, par ex., il faut se re-’ porter au contexte pour voir qu’ici, ;Ie sujet d’ « intueretur » est « intuitio >•)., – ensuite « Propriétés spécifiques » est-ilun terme scolastique1? ̃̃: _i M. Gilson. 11 était employé dans, la langue de l’fclcole en opposition avec « propriétés germiques » et « propriétés génésiques ». II. – La: doctrine cartésienne de la liberté et la théologie..