que la différenciation progressive est l’unique processus de développement. Souvent il y a substitution totale (par exemple aucune partie de la colonne vertébrale ne naît de la corde dorsale) ; ou d’autres fois combinaison de différenciation et de substitution (embryogénie du système nerveux). L’auteur reprend pour son compte le principe des corrélations architecturales de Cuvier et il précise ce principe en distinguant avec M. Bergson (Évolution créatrice, p. 72) les changements solidaires et les changements complémentaires, c’est-à-dire les corrélations inutiles et les corrélations exigées pour le meilleur accomplissement d’une unique fonction. Si les formes achevées supposent des processus de développement aussi divers, il devient chimérique de vouloir les ranger le long d’une ligne droite unique et de prétendre retrouver dans la série des êtres adultes une continuité dont la continuité du développement embryologique serait l’image.
L’auteur quitte ensuite l’anatomie comparée pour rechercher l’exacte valeur des arguments tirés de l’embryologie. En étudiant de très près quelques exemples de parallélisme apparent il montre que ce parallélisme existe seulement si on schématise, si on se refuse à regarder le détail. À propos de l’évolution phylogénique du squelette des vertébrés, il écrit (p. 110) : « Il faut remarquer que le parallèle ne peut être établi rigoureusement qu’entre les idées que nous nous faisons des deux développements ontogénique et phylogénique, idées que nous résumons dans ces mots : squelette purement cordal, puis membraneux, cartilagineux et osseux. Mais si, ne nous contentant plus de ces expressions générales schématiques, nous passons aux faits, nous voyons qu’ils ne concordent plus aussi exactement. » Si on attribue toutes les différences de détail à la cénogenèse, c’est-à-dire aux causes perturbatrices de l’ontogénie, on aura sans doute toujours raison ; mais, en supposant une cause perturbatrice
pour expliquer tout écart entre ; nos prévisions
et la réalité, nous montrons assez
que nous voulons à tout prix maintenir
une théorie qui nous est plus chère que
les faits.
L’auteur s’achemine, par l’étude minulieuse
d’une riche collection d’exemples, à
une conclusion préparée par la magistrale
étude d’Hertwig à la fin de son traité
d’Embryologie expérimentale et comparée
des Vertébrés (1906) ; L’idée que l’ontogenèse
reproduit réellement la phvlogenèse
est fausse, dit-il, pour beaucoup de
raisons 1° parce qu’un, œuf d’où sortira,
d’où doit sortir un être complexe ne peut
être assimilé une cellule qui doit rester
cellule unique le premier échelon du
parallélisme s’effondre ; 2° les organes des
embryons ne sont jamais identiques à
des organes d’ancêtres adultes, ce sont
des formes de passage revenues à un état
rudimentaire ; 3° les embryons de Vertébrés
supérieurs ne ressemblent jamais
à des animaux inférieurs, les faits essentiels
de leur architecture sont donnés de
très bonne heure ; 4" la coordination qui
est dans tout organisme^fait qu’il n’y a
pas chez un Mammifère un seul organe
qui ne se distingue de l’organe correspondant
des autres Vertébrés S" ta
prétendue récapitulation est des plus
grossières, des plus schématiques 6 » beaucoup
d’organes très remarquables ne
semblent préparés par aucune étape
réalisée dans la série des formes permanentes
7" enfin cette théorie est anthropomorphiqnp,
en ce qu’elle a uniquement
en vue la série aboutissant à l’Homme et
qu’elle n’a pas assez conscience de la
pluralité possible des séries. Est-ce à
dire qu’on nie tout parallélisme ? On nie
la récapitulation des formes ancestrales
éteintes, ce qui est différent. L’existence
d’un certain parallélisme entre l’on togenèse
et la phylogenèse est indéniable, mais ce
parallélisme comporte alors une autre
explication : il peut exprimer une sorte
de nécessité imposée aux organismes
d’aller du simple au complexe, la nécessité
de repasser par les mêmes étapes. Une
prouverait pas une réelle filiation des organismes.
Musique et Inconscience. Introduclion
à la psychologie de l’inconscient, par
Albert Bazaillas, professeur de Philosophie
au lycée Condorcet, docteur es
lettres. 1 vol. in-S de vi-320 p., Paris,
Alcan, 190S. —L’ouvrage de M. Bazaillas
se compose de deux parties. La première
est un exposé des théories musicales de
Schopenhauer. La seconde, qui doit nous
arrêter un instant, traite de larelation de
la musique à l’inconscient. M. Bazaillas
entreprend d’abord de poser le problème
de l’inconscient..Reprochant aux philosophes
antérieurs, à Schopenhauer et à
Hartmann, d’avoir envisagé la question
sous un aspect métaphysique, il conclut
que le problème de l’inconscient
doit « se poser en termes strictement
psychologiques ». (p. 178) c’est-à-dire
qu’au lieu d’ériger l’inconscient en réalité
isolée, il faut « le rattacher à l’organisme
psychique de l’homme » (p. 180). Cependant
une idée des théories métaphysiques
antérieures était juste et féconde et doit
être conservée c’est celle de l’unité, de