Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1908.djvu/29

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29 – fidèle que le texte, même. Votre procédé n’est pas toujours heureux. Knutzen nous dit -que, s’il s’est écarté de Leibniz, ses études de mécanique n’y ont pas été indifférentes. Il n’insiste pas. Vous auriez dû chercher en quoi. Les idées de force, d’action, de mouvement sont exposées dans Knutzen vous résumez simplement, peut-être auriez-vous pu approfondir. Vous passez ainsi sur des choses qui ont plus d’importance que l’exactitude littérale.

y avait deux ou trois questions, importantes 

à votre point de vue, que vous n’avez pas examinées. Leibniz n’a été connu du temps de Knutzen que d’une façon fragmentaire quels textes de Leibniz a connus Knutzen V 11 fallait faire ce relevé, et vous auriez trouvé des indications précieuses pour l’interprétation de ce que dit Knutzen. Il a connu tous les textes accessibles de son temps opuscules du Journal des Savants, correspondance avec Clark, Théodicée, etc. Il cite avec une très grande précision. Parmi les textes qu’il n’a pas connus, il y a le Discours de Métaphysique et la correspondance avec Arnauld. Vous vous servez de ces textes de préférence pour reconstituer Leibniz. Ce n’est pas de jeu. En outre, vous auriez dû lire les autres ouvrages de Knutzen. M. Van Biéma. Je ne les connais que par Benno Edmann. M. Lémj-Brûhl. Vous auriez dû lire un autre ouvrage publié avec le Systema. Il traite de l’immatérialité de l’âme. 11 n’est pas là matérialiste. M. Van Biéma. Je soutiens que, dans l’ouvrage que j’ai étudié, il aboutit à une théorie matérialiste., que c’est une conséquence inévitable de ses principes. M. Léuy-BriLhl. Ses monades sont représentatives, ne sont pas divisibles. Ce sont des éléments spirituels autant que matériels. Mais qu’avez-vous voulu faire? M. Van Biéma. Ma conception de ce travail, c’est l’idée de l’histoire de la métaphysique, c’est une histoire des idées qui doit se faire par la dialectique. J’attache de l’importance aux idées qu’examine Knutzen. Je crois que Knutzen a été surtout piétiste, mais que j’ai peutêtre trop négligé le côté mécaniste, Pour ce qui est proprement de l’espace et des monades, les monades sont dans l’espace et ma thèse est fondée par là. M. Lévy-Bnlhl. Elles sont dans l’espace, mais elles ne sont pas pour cela des éléments matériels. M. Van Biéma. Le caractère spatial chez Knutzen passe au premier plan. M. lévy-Brûhl. Comment définit-il l’espace ? L’ordre des coexistences. M. Van Biéma. Oui. Mais, s’il ne tient pas compte de cette définition, c’est comme s’il ne la définissait pas ainsi. Sans doute Knutzen n’accepterait pas littéralement ce que je dis de ses monades. M. Lévy-Brùhl. Vous vous mettez dans une situation difficile Erdmann montre que Knutzen a restitué d’une façon profonde la métaphysique leibnizienne, en revenant à la conception des monades. M. Van Biéma. 11 n’y est pas revenu, il y est resté, mais en faisant au fond de ces monades des atomes. J’ai usé du Discours de Métaphysique, parce qu’il est plus clair; mais Knutzen connaissait la Monadologîe qui contient les mêmes thèses que le Di,scW n·s de ~tlétayh,ysiclue. M. Lévy-Brûhl. Vous vous êtes demandé si l’interprétation de Knutzen était exacte ce qui vous force à donner votre interprétation de Leibniz. Et vous faites de votre interprétation la seule interprétation possible. Vous faites de l’harmonie préétablie le fondement et le centre de la doctrine. Or c’est un gros point. Leibniz la donne toujours non comme le fondement de tout le reste, mais comme une conséquence. Sans doute, une fois le système achevé, on ne peut séparer l’harmonie préétablie de tout le reste; mais, historiquement, ce n’en est pas le fondement. Et Russell par exemple expose toute la théorie de la substance avant l’harmonie préétablie. C’est une opinion personnelle que vous avez, et vous la présentez comme une chose qui va de soi. -Venons enfin à la théorie de Knutzen. Peut-être n’avez-vom pas examiné certains éléments intéressants de cette théorie ? Vous partez de la théorie de Leibniz sur les rapports de l’harmonie préétablie et de la monade prise comme unique et cohérente. C’est dangereux, et cela vous force à négliger bien des choses. M. Van Biéma. Pour cette doctrine, je ne puis pas concevoir corn ment la monade est concevable entièrement au sens de Leibniz, sans l’harmonie préétablie, et cela, en la fondant sur des textes que j’ai cités. M. Séailles. Il me semble que dans l’histoire de la philosophie il ne convient pas d’employer la même méthode suivant qu’on étudie un grand philosophe on un philosophe secondaire. Pour un grand philosophe, on étudie l’esprit humain luimême, et alors la systématisation, l’ordre architectonique est le principal." Mais’ pour un Knutzen, ce n’est pas le cas. Aussi j’ai été très étonné en arrivant à