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Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1910.djvu/21

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darwinisme lui paraît s’accorder avec l’ « instrumentalisme », qui présente les vérités comme des hypothèses qui ont réussi, ayant été choisies par l’expérience, il est difficilement compatible avec les négations pragmatistes, précisément parce qu’il suppose, en dehors de l’esprit, une réalité donnée à laquelle celui-ci doit s’adapter.

Au point de vue philosophique, il reste que le darwinisme contribue à éliminer, en faisant rentrer l’esprit même dans la nature, toutes les formes du vitalisme sans critique et le formalisme avec le mysticisme. Mais — et c’est ici l’une des indications les plus intéressantes du volume — le darwinisme s’accommode mal de la conception purement quantitative de la causalité à laquelle nous acheminaient les sciences mécaniques et physiques. Il nous rappelle qu’il se développe des nouveautés dans la nature, et qu’au point de vue qualitatif il y a souvent plus ou moins dans l’effet que dans la cause.

Darwin’s contribution to psychology, par E. L. Thornicle, dans The University of California Chronicle, vol. XII, n° 1 janvier 1910 (p. 65-80). The University Press, Berkeley. — S’il n’a pas beaucoup accordé à cette réflexion du moi sur lui-même que les psychologues ont longtemps regardée comme l’unique méthode de leur science, Darwin n’en a pas moins contribué, plus que bien d’autres, au progrès de la psychologie. On peut distinguer les formes directes et les formes indirectes de son action. Il a appelé lui-même l’attention sur les variations des instincts moraux, et sur les conditions de la sympathie sexuelle tant chez les hommes que chez les animaux. Il a amorcé l’étude des rapports entre les émotions et leurs expressions. Il a enfin, par ses observations sur son fils, montré l’intérêt des recherches monographiques consacrées aux enfants.

Mais plus importante encore, peut-être, est l’action qu’il a exercée sur la psychologie par la seule orientation qu’il imposait à la recherche scientifique en général. Replonger l’homme dans la nature, mettre en relief avec le prix de la continuité, celui des variations, c’était incliner de la meilleure façon la psychologie elle-même vers les études génétiques, comparatives et concrètes.









lUp 4>0<j6toç a Stùdy of the Conception of Nature among the Presocratics, by William Arthur Heioel, 1 broch. in-3 de 54 p. (Proceedings of llie American Academy of Arts and Sciences,

vol. XLV, n° 4, January —1910), Library of the American Academy of Arts and Sciences, Boston, 1910. Cette brochure est consacrée à discuter une opinion de M. J. Burnet. Selon M. Burnet, l’expression Ils pi’f’ûffEMç désigne primitivement les travaux relatifs à la substance ou à la matière des choses. Platon et Aristote les premiers ont donné à cette formule un sens plus précis, en sorte que la valeur primitive a été peu à peu oubliée. M. Heidel combat la théorie de M. Burnet. D’abord, il est probable que les ouvrages anciens n’avaient pas de titres ; l’habitude s’introduisit bientôt de les nommer rUpi

..OOuewç. M. Heidel étudie successivement les questions suivantes 1° relations des recherches IIsp’i $6ceu>s avec la mythologie et la poésie ; 2" sens du mot <ï>-i<Ttç vers 400 av. J.-C. ; 3° portée probable du titre Jlepi <ï>titrewç. 1° Primitivement, il n’y a pas de différence essentielle entre ! a mythologie et la science, entre la théogonie et la philosophie (pp S4, Slj. Platon et Aristote eux-mêmes, auxquels on se réfère toujours pour opposer Thalès à ses devanciers, reconnaissent souvent que la théologie et la philosophie sont liées. Cependant, dès le vi° siècle, avec Xénophane et Hécatée, jj.û6o « s’oppose à Xd-fo ;. Une désintégration se produit lentement dans la conception ancienne (p. S8) et la science se laïcisc. Aoyoç nspi « Ivjotsmç devient l’équivalent de jj-COo ; r.sp tewv. La 4>u<rio^oyia sera désormais affranchie de toute hypothèse religieuse. Cette tendance apparaît nettement dans les écrits dé la collection hippocratique. Elle apparaît aussi chez Anaxagore et Socrate, pour lesquels un élément rationnel va jouer le rôle que jouaient autrefois les Dieux (p. 93). La nature elle même est peu à peu « dèpersonnalisée » (p. 94). 2° L’importance des doctrines physiques des anciens philosophes est considérable, et Platon, Aristote et leurs-successeurs leur doivent à peu près tout. ce qu’il y a de positif dans leurs systèmes (p. 96). D’abord le mot $6<tk signifie croissance. Mais le mot prend trois séries de sens dérivés un processus, le début, la lin d’un processus. Aux deux derniers sens correspondent la cause/matérielle, la cause efficiente, la cause finale chez Aristote. Au premier sens se rattache la notion de la 4>>j<7tç comme une loi, un principe de force, une puissance créatrice (pp. Le développement d’idées qui a permis ces distinctions était achevé au vc siècle (p. 113). Et la pensée postérieure a ajouté, somme toute, peu de chose à ces notions primitives. 3° Comment un choix a-t-il été fait entre ces significations diverses ? C’est ce que montre M. Heidel en étudiant la notion de nature chez