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Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1912.djvu/1

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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE


SUPPLÉMENT
Ce supplément ne doit pas être détaché pour la reliure.
(N° DE JUILLET 1912)



LIVRES NOUVEAUX

Les Fondements énergétiques de la Science de la Civilisation par Wilhelm Ostwald, Traduit de l’allemand par Philippi. 1 vol. in-18 de xiii-147 p., Giard et Brière, Paris, 1910. — Ce petit ouvrage ne constitue en aucune façon, comme son titre pourrait le laisser croire, une étude systématique sur les principes fondamentaux de la science de la civilisation. L’auteur a effleuré, comme dans une causerie, des sujets fort divers ainsi qu’on en peut juger par les titres des chapitres : le travail ; le coefficient économique ; l’Homme ; l’asservissement des énergies étrangères ; l’association ; le langage ; le droit et les peines ; l’Etat et son pouvoir, etc… Le célèbre chimiste croit bon de rappeler quelques définitions très élémentaires : celles du travail au sens mécanique (produit d’une force par un déplacement) de l’énergie, du principe de conservation de l’énergie. Il distingue l’énergie brute de l’énergie utile. Le coefficient économique est le rapport de l’énergie brute à l’énergie utile. « L’idée fondamentale de mon ouvrage est dans l’équation suivante (p. 28) :

Énergie utile coefficient économique énergie brute… on peut dire que tout effort ayant pour but le progrès de la civilisation tend, d’une part, à augmenter la quantité disponible d’énergie brute, et, d’autre part, à élever le coefficient de transformation de l’énergie brute en énergie utile. Comme la quantité existante d’énergie brute est limitée, l’amélioration du coefficient économique est un problème d’une importance capitale… ces quelques mots permettent de comprendre que le coefficient économique fournit un critérium applicable à tous les cas particuliers que nous aurons à envisager. »

Mais il s’agit de savoir si le vocabulaire que M. Ostwald emprunte à la physique lui permettra, comme en physique et en chimie, de prendre des mesures précises et de formuler des lois exactes fondées sur ces mesures ; ou si, au contraire, le langage « énergétique » n’a, lorsqu’on aborde les problèmes sociologiques, qu’une valeur métaphorique, qui peut d’ailleurs être suggestive. Il nous suffira de quelques citations pour être fixé sur ce point.

Par exemple (p. 30) : « Le droit ayant remplacé la force dans les rapports entre personnes, on peut aujourd’hui convertir en énergie utile l’énergie qu’on gaspillait autrefois en combats. Le droit a donc pour but de supprimer les gaspillages d’énergie brute et d’améliorer par là le coefficient économique de transformation de cette énergie en énergie utile. » Dans le chapitre consacré à l’homme (p. 63) : « Tandis que l’animal ne possède guère d’autre énergie que celle de son corps, l’homme étend indéfiniment sa conquête des énergies étrangères. C’est là la différence fondamentale qui sépare l’homme de l’animal ». Suivent des considérations historiques sur « l’asservissement des énergies étrangères », énergies physiques et chimiques. Examinons maintenant comment l’auteur applique « les principes énergétiques » à la solution des problèmes relatifs à la société. Dans le chapitre consacré à l’association, voici le passage qui a été souligné par l’auteur (p. 95) : « Nous n’attacherons de prix à l’association que dans la mesure où, par la coordination de l’activité humaine, elle améliorera tel ou tel coefficient d’exploitation. » — Après avoir constaté que le langage est « l’instrument qui permet de maintenir des relations entre les membres de la société », l’auteur recherche les « conditions énergétiques auxquelles devrait satisfaire le langage » (p. 103). « D’abord la production et la compréhension des sons