Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1913.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« si maintenant la Secte est à Rome ou à Genève ».

En terminant, M. Riou, dans une sorte de Pastorale à l’union protestante des « Jeune France », expose ce que Dieu a dit à la France et assigne à ses amis comme inspiration le « rêve français ».

On apprécie le zèle démocratique, l’enthousiasme humanitaire, qui inspire M. Gaston Riou. Faut-il croire qu’il réussira à convaincre un nombre notable de ses contemporains ? La recherche de la vérité se poursuit sous nos yeux, à Paris et ailleurs : elle n’a atteint son terme ni à Rome ni à Genève.

La Sociologie générale et les Lois sociologiques, par Gaston Richard. 1 v. in-18 jésus, de 396 p., Paris, O. Doin. 1912. — La sociologie générale est-elle possible ? A-t-elle un objet, une méthode, des lois propres ? MM. Durkheim et Fauconnet l’ont nié. La sociologie n’est pour eux que le « corpus » des sciences sociales et ne saurait prétendre à un objet séparé sans tomber dans le vague des généralisations philosophiques. M. Richard prétend montrer, au contraire, que la sociologie comparée conduit nécessairement à se faire l’idée de la sociéte prise comme un tout, que les sciences sociales abstraites, analytiques, appellent une synthèse, et que, si la conception de ce tout, si cette synthèse ne sont pas réglées par une sociologie générale, dont elles constituent l’objet propre, les sciences sociales particulières sortent de leurs limites, empiètent l’une sur l’autre, obéissent à une sorte de philosophie plus ou moins inconsciente ou mal justifiée qui est tantôt un vague naturalisme, tantôt un pragmatisme à courte vue, tantôt enfin le mysticisme métaphysique qu’on voulait éviter, comme le montreraient les nouvelles prétentions de la sociologie religieuse de M. Durkheim. — Cet objet nécessaire de la sociologie générale (M. Durkheim mis à part, dont, pour les raisons précédentes, « il ne sera pas tenu compte ») a été cherché dans trois voies différentes. Les uns considèrent la société comme nous. Tout réagissant sur ses parties, c’est la théorie de la solidarité ou du consensus social, où l’auteur fait rentrer, avec Comte et les positivistes, toute l’école biologique ou organiciste : les autres s’attachant à la loi du déterminisme ou matérialisme économique, et c’est le point de vue, nous dit-on, aussi bien de Le Play que de Marx. Ces deux directions sont sans issue. Dans la première, on confond l’idée d’une corrélation ou causalité réciproque des phénomènes sociaux, qui est à retenir, avec celle de la solidarité ou de l’harmonie des intérêts, qui est un principe d’action ; on confond la solidarité sociale avec la solidarité organique ou biologique ; enfin cette idée même de solidarité sociale est une confusion, parce qu’en elle on ajoute à l’idée d’une causalité réciproque des phénomènes sociaux l’idée de leur complémentarité. Et cette dernière confusion reposerait à son tour (sans qu’on nous montre bien la nécessité de cette implication chez tous les représentants, si disparates, de ce « système du consensus social ») sur trois thèses erronées. L’élément social serait la famille, non l’individu ; l’agencement des éléments sociaux serait une subordination hiérarchique, excluant l’égalité nécessaire au contrat ; le développement de la société serait organique, s’accompagnerait de crises de formation, ce qui donne aux luttes sociales pour le droit un caractère purement pathologique. En somme ce que l’on prétend dénoncer ici, c’est l’esprit organiciste, anticontractualiste, antipersonnaliste ( car l’auteur se défend d’être un individualiste au sens strict),











parce qu’il rend impossible la responsabilité personnelle, la morale et le droit. La seconde direction, celle du matérialisme historique, bien que présentée d’abord comme l’antithèse de la précédente, est reconnue ensuite rr’ètre pas vraiment incompatible avec elle, si on ramène la première à la simple idée de corrélation entre les phénomènes sociaux. Cette thèse se distingue aussi du révolutionnarisme comme du matérialisme métaphysique avec lesquels on l’a parfois, confondue. Mais comme elle prétend faire jouer aux lois économiques, dans la société, le rôle que les lois mécaniques jouent dans la nature, elle succombe à une critique inspirée des conclusions de Mill, de S.Maine, de Stammler, qui nous ont montré le caractère psychologique et social de l’économie elle-même. Reste une dernière direction, la seule fructueuse, quoique peu suivie en France. Cette voie nous conduit au centre même de la sociologie générale qui est la distinction de la Sociélé (société civile, commerce universel des idées et des produits) et de la Communauté (état, famille, église, corporation, etc.). L’auteur montre comment cette distinction capitale, développée surtout en Allemagne à la suite des postkantiens et de Herbart, présentée pourtant en Angleterre et en France, s’est dégagée de la forme trop spéciale (rapports de la société civile et de qu’elle a prise d’abord, et a revêtu une valeur générale qui en