Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 5, 1910.djvu/15

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passive de toute une série de traditions et de vocabulaires différents, aristotélicien, scolastique et parfois hégélien.

Et quant au fond, même diversité, ou, si l’on veut, même richesse. La méthode de pure et simple constatation, mais d’observation intégrale, que Laurie prétend employer dans son analyse de la connaissance humaine et dans sa construction de la synthèse divine rappelle par son empirisme métaphysique celle de Reid et des écossais d’alors. Mais cette analyse elle-même témoigne le plus souvent d’un idéalisme presqu’aussi puissant que celui







d’un. Spinoza ; ou, d’un Hegel ; tandis qu’en revanche la théologie qui s’appuie, sur elle est d’un ontologiste ou d’un mystique chrétien, pour qui la critique kantienne et plus.généralement tout idéalisme reste, nul, et non avenu. De ces deux parties : si disparates de l’œuvre de Laurie, retenons les idées fondamentales.

Et d’abord la théorie. « lauriste de la connaissance comporte la destruction. détaillée d’un certain nombre de plans de. l’esprit le plan du Pur Sentir, celui dé la Sensation, celui de l’Altuition ou aperception de qualités sensibles e.m.piriq, uem.ent coordonnées dans le temps et

dans L’espace ; ces trois plans constituentla phase attuitionnelle ou réceptive de la vie spirituelle, le moment de la coñscience proprement dite, commune à-,

l’homme et aux animaux supérieurs, en tant, qu’elle s’oppose à la, conscience, d.e soi, laquelle n’apparaît qu’aux deux plans supérieurs de la connaissance la, Dialectique, subjective et l’Intuition1 supraraHonneUe-. Mais ce. qui dans cette étude

de. l’esprit importe par-dessus tout, c’est la conception de la, Raison définie comme mouvement, dialectiquetéléologico-causal, ; c’est Fanalyse de l’acte rationnel concret, qui aux yeux de. Laurie s’identifie, avec la Perception, , a.e.l& essentiel. non, seulement parce qu’il suffit à constituer tout le savoir humain, mais aussi parce qu’en.* lui seul’le sujet conscient, actualisant. les— données réelles de sa sensibilité— se pose comme. Ego et comme volonté, se révèle activité pure, dont la liberté consiste précisément, dans cette libre affirmation, et. création— d’elle-mA-, me (p. 100 sqq :.). Or cette affirmation de soi n’est possible qu’à travers l’affirmation de « l’autre », et dès lors le vouloir rationnel, implique comme, médiatrice— la négation : du sensible pur, , afin de. se déterminer dans le. concret, s.uivant un processus dialectique, dont les étapes, nécessaires (correspondantes aux catégories a priori-. Possiblelitè,. milieu exclu, cause formelle, , cause formative,. identité) convergent toutes vers une fin rationnelle l’essence, percevoir l’essence, synthétiser intégralement le complexe sensible’particulier, c’est pour la Raison humaine dépasser la stérile alternative du monisme et du pluralisme, surmonter la contradiction abstraite de l’un et du multiple, en atteignant vraim.en.t l’unité métaphysique, « l’un en plusieurs a (p. 134 sqq.). De là sur tes autres contradictions (fini et infini ; causalité et liberté).de profondes réflexions : que nous devons : négliger. A son tour, l’acte moral résultera d’un ; mouvement dialectique, par Lequel l’esprit coordonnant, en une harmonie changeante les impulsions et les relations de chaque être. avec l’ensemble, clierehe--&k~4àta.j* « pour lui, la loi rationnelle de son activité’. De là encore toute une éthique de la Raison pure et de belles remarques sur l’individu dans la communauté, sur l’esthétique, , sur le problème du. mal et sur l’immortalité. De ce point de vue, Dieu peut être défini comme somme des idéaux, humains ou, en termes kantiens, comme l’idéal de la Raison pure (p. 24.1 sqq.).

Mais ici intervient le Réalisme, naturel qui traverse si étrangement toute’la philosophie —’de Laurie. Autour de l’esprit connaissant en dehors de lui, le confondant sans cesse avec l’homme comme

corps animé et comme réalité naturelle, Laurie, place le monde extérieur, la totalité des êtres, <• l’objet, universel don-t l’homme et la Raison pure feraient partie au. même titre qu’une pierre ou qu’un brin d’herbe (p. 116), , n’étant eux aussi qu’un des plans innombrables par lesquels Dieu s’extériorise, en créations de plus en plus libres et parfaites. Dès lors, si la connaissance humaine a pourtant une valeur objective, c’est seulement parce qu’au sein. du tout absolu, l’homme est, précisément, un être, comnie les autres et qu’en lui. le connaître, est encontinuité ontologique » avec l’être du

dehors. Inversement et grâce à ce lien singulier, l’analyse de la connaissance permettra de déterminer hors du sujet les relations ré.elles des êtres et de Dieu. C’est ainsi que le Sentir— pur et indéfini, qui précède un nousrl.’éveiL de la conscience claire, peut êtreinterprétè comme l’appréhension immédiate de l’Etre absolu et inconditionné qui est le fondement, le réceptacle du sujet et de. l’objet, et qui persiste, immanent et insondable, sous toutes les déterminations particulières. D’autre part les, phénomènes que l’attui*tion nous présente, existant réellementdans le., tout objectif (y compris leurs qualités secondes), nous, attestent par là