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Introduction à l’Idée des Étude? morales dans l’Egypte antique, par Jules Baillet, ancien élève de l’École Normale supérieure, ancien membre de la mission archéologique du Caire, docteur es. lettres,! vol. gr. in-&°, de 213 p. Grande Imprimerie de Blois, Emmanuel Rivière, Paris, Paul Geuthner, 1912. – En 1.891,’ l’Académie des sciences morales et politiques proposait à l’an, de ses concours -la .question,-de l’évolution des idées morales en Egypte; la dissertation deM.Bailiet obtint lamention « très honorrable ». C’est ce mémoire qui, retouché,. puis présenté en Sorbonne comme thèse secondaire; ,est aujourd’hui publié. Les circonstances dans lesquelles fut composé, cet ouvrage!, expliquent- pour une part son caractère synthétique il fournit un vaste aperçu de l’ensemble des notions morales d’une longue civilisation, il aspire à en dresser le bilan et en montrer l’enchaînement historique. D’ailleurs l’auteur n’est pas de ces spécialistes qui doivent se faire violence pour s’élever aux généralités la richesse., de la documentation n’a pas étouffé, chez lui le goût des spéculations abstraites.: non seulement dans cette introduction, mais jusque dans le livre dont nous parlerons tout à l’heure, il ne prétend pas simplement donner une matièr,e d’études aux philosophes; il lui arrive de philosopher lui aussi. Alors même que, dans ce dernier cas, ses opinions seraient critiquables, ce n’est pas un public ami de la philosophie qui lui contestera le droit de les émettre, à moins que cette catégorie de lecteurs ne •̃devienne;plus. éprise d’une sèche érudition que ne le sont les historiens euxmêmes. Au surplus, les reconstructions hypothétiques et les argumentations propres à. M.. Baillet s’isolent d’ellesmêmes parmi son exposé libre à chacun .d’en faire abstraction ou de vérifier par soi-même. si’ les faits, allégués, si surtout les documents auxquels nous renvoient t les références, bibliographiques, les autorisent.. Il résulte indubitablement de cette enquête que la sagesse égyptienne était digne de son antique et universelle réputation.. Elle ne s’exprimait guère en des théories; elle consistait en des mœurs vécues et en un idéal qui. faisait vivre.Certes) si l’Egypte préhellénique n’eut pas. à proprement parler de philosophes, elle .posséda, parmi ses scribes, des

moralistes dont il nous est parvenu plus 

que le nom, un Kagimnâ, un Ptah-hotpou, i "un Ani, un Phibefhor. Cependant ce peuple où. la, source de toute autorité était la tradition, constituait un milieu suffire pour atteindre Dieu. Dans le domaine strictement théologique, M., de Tonquédec aura naturellement recours a t’enseignement de l’bglise, en particulier aux décrets du Concile du Vatican. Il.rap-.pelle, non sans raison, la condamnation de Bautain. Il critique les idées de. M. Blondel sur la grâce, l’accuse de. naturalisme. L’interdépendance le conduit ici tout près du bajanisme, comme ellel’ayait en philosophie pure, au panthéisme M. de Tonquédec invoque, contre M. Blondel, la a puissance obédientielle des scolastiques. Comment Tinquiétude humaine suftirait-elle à, fonder la toi1; Comment identifier le catholi-, cisme et le surnaturel? Les motifs decrédibilité ont leur rôle à jouer. Dira-t-on toujours qu’il n’y a pas de critère pojir" savoir » la vérité avant de l’avoir vécue? L’Église- n’accorde-t-elle pas aux « p’reuves » une très grande force? Il est. dangereux de fermer la voie intellectuelle .qui mène à’ Dieu. Les idées dogmatiques ont une valeur de « représentation.. définitive ».

Ainsi, conclut M. de Tonquédec,, la, philosophie de M. Blondel est destructive, ruine les valeurs traditionnellesde. la pensée réfléchie, ignore que le catholicisme consacre tous les .genres de^certitude. Telle est l’opposition statuée.par M. de Tonquédec entre la méthode de M. Blondel et celle de l’apologétique ancienne. 11 prend, en fait, la défense des pnvambula fidei. Sa position n’es! ’passans analogie avec celle d’un Môhler affirmant, contre Hautain et aussi contre la théologie romantique, la valeur de la connaissance naturelle. Mais les théologiens, allemands étaient singulièrement .plus larges. Ils ne statuaient pas une opposition absolue entre la méthode d’imma.nence et l’extrinsécisme intellectualiste. Et l’apologétique nouvelle est-elle,autre chose qu’une réaction bienfaisante contre l’exagération de rintellecUialisme.ét de l’extrinsécisme dans l’apologétique^-an-. cienne, contre l’idolâtrie facile du dogme formulé, contre l’abus de la démonstra.Ttion et des preuves dont elle ne niër.pas,. au reste, la valeur relative ou conventionnelle? Si la toi peut être secourue par-la certitude rationnelle et les vérités frag-5 mentaires qu’elle en reçoit, elle nlen pst: pas moins un acte d’adhésion totale, qui porte sur le » tout » de la vie et- de l’action, une réaction personnelle et spontnriet.’ sur la grâce. De ce point de vue, la philosophie de M. Blondel garde .toute sa fécondité et. loin d’être destructive des valeurs anciennes, elle est éminemment « traditionnelle ». >» ̃[,