Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 5, 1913.djvu/25

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25 était leur langue maternelle, et ils ignoraient à ce point l’hébreu qu’à la synagogue la Loi était lue dans la traduction des Septante. Un parti novateur dans le judaïsme alexandrin semblait vouloir tout abandonner du judaïsme traditionnel tandis qu’un parti orthodoxe et conservateur se montrait absolument hostile à tout contact intellectuel avec l’hellénisme c’est alors que Philon tenta l’effort grandiose de réconcilier la religion et la morale d’Israël avec la philosophie grecque et de les fondre dans une vaste synthèse. Il n’y réussit pas en ce sens qu’il altéra profondément le monothéisme juif en faisant du Logos le fils de Dieu et qu’il déforma par ses interprétations allégoriques tout le corps de doctrine de la religion d’Israël. Mais la spéculation de Philon resta sans influence pratique sur le judaïsme, parce qu’en raison des circonstances historiques, et notamment des progrès du christianisme, le judaïsme était précisément amené à ce moment à préciser avec une inflexible rigueur le sens de la Loi et à tenir la main à sa stricte observation tout l’effort des Tannaïm et des Amoraïm, poursuivi pendant plus de quatre siècles, va directement à l’encontre du synthétisme philosophique de Philon. Mais la pensée de ce der-nier a exercé une action d’autant plus efficace sur la formation du néoplatonisme, de la Kabbale, de la philosophie d’Ibn-Gebirol et de celle de Maimonide. La valeur du travail d’ap?,ès la Bible et le Talmud, objet d’une intéressante dissertation de M. S. KALISCHER, montre une différence essentielle entre la conception hellénique et la conception juive de la vie. Pour les moralistes grecs le travail, et tout particulièrement le travail manuel, sont des occupations vulgaires et serviles, indignes d’un homnie libre. Pour le judaïsme le travail a été dès l’abord la loi de l’homme Dieu a mis Adam dans le jardin d’Eden pour qu’il le travaillât et le cultivât. Le travail est ordonné par la loi comme le sabbat; le travail est comme la Thora une alliance avec Dieu. L’oisiveté est immoralité. Le travail est protégé par la loi juive le salaire doit être quotidiennement payé au travailleur; il doit être payé même pour les jours de sabbat; il doit être paye pour le temps qu’il passe à aller de sa maison au lieu de son travail, etc. Le Talmud proclame l’éminente dignité de l’agriculture, du métier, et les plus illustres docteurs juifs pratiquèrent effectivement le travail manuel, bien que l’étude de la Loi fût unanimement considérée comme la plus haute activité dont l’hommefût capable et comme la fin de l’existence terrestre. M. Alphons Sussnitzki, s’inspirant du livre bien connu de Kautsky, expose l’origine du christianisme d’après la conception matérialiste de l’histoire, et signale rapidement à ce propos les insuffisances de la méthode pratiquée par Kautsky. Die Situation auf dem psychologischen Arbeitsfeld, par le Prof. REINHOLD Geijer, 1 broch. in-8 de 90 p., Berlin, Simion, 1912. L’auteur ne se propose pas d’étudier les résultats de détail acquis en psychologie, mais d’exposer les grandes conceptions en présence et les solutions d’ensemble qu’on peut donner aux problèmes les plus généraux de cette science. Il recherche donc les principaux points de vue d’où l’on peut envisager l’objet, la tâche et la méthode de la psychologie. On peut définir la psychologie comme la science de l’âme (substantialisme) ou au contraire proclamer la nécessité d’une psychologie sans âme (l’auteur appelle cette dernière conception collectiviste). Si l’on considère le rapport existant entre l’âme et le corps, on trouvera en présence le matérialisme, le dualisme (Descartes, Maine de Biran), le duplicisme (Wundt), le monisme spiritualiste, le positivisme. Si l’on envisage maintenant le rapport qu’entretiennent entre eux les états psychologiques, la morphologie de la vie spirituelle, on pourra distinguer entre le phénoménisme l’associationisme l’évolutionisme l’intellectualisme, le volontarisme. M. Geijer se borne à un exposé purement historique, et à une classification des méthodes de travail. Sa dissertation ne laisse pas d’être intéressante par les rapprochements suggestifs qu’il établit entre les doctrines, et par les réflexions souvent judicieuses dont il émaille son développement. On pourrait reprocher seulement à M. Geijer.de n’être pas tout à fait au courant. 11 semble ne pas connaître parfaitement les travaux parus depuis dix ans, dont il cite du reste fort peu. 11 est particulièrement mal informé en ce qui concérne les publications de notre pays, et le tableau qu’il trace de l’école française est assurément fort inexact. Von der Klassification der psychischen Phenomene, par Franz Brentano, 1 vol. in-S de 16" p.. Leipzig, Duncker et Humblot, 1911. Cette brochure est une réédition d’un chapitre d’un livre déjà ancien « La psychologie du point de vue empirique ». L’auteur a publié l’ancien texte tel quel, en se bornant à y ajouter quelques notes peu nombreuses et un appendice assez important.