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Essai de biographie historique et psychologique. Maine de Biran (1766-1824), par A. de la Valette-Monbrun, d’après de nombreux documents inédits. Cet ouvrage est orné d’un autographe et de deux portraits, l’un en phototypie, l’autre en taille-douce. 1 vol.{ in-8, 544 p., Paris, Fontemoing et Cie, 1914. — L’auteur nous avertit dans l’avant-propos de son livre que c’est un ouvrage littéraire et historique, plutôt que philosophique qu’il présente au public. Grâce à l’étendue de ses informations, il a écrit la biographie de Maine de Biran, la plus complète que nous possédions. Il nous donne sur ses origines, sa famille, ses amis, sa carrière administrative et politique des renseignements précieux. Les admirateurs de notre grand psychologue lui sauront gré de la peine qu’il s’est donnée pour les réunir.

Sur la philosophie de Maine de Biran, M. de la Valette ne nous apprend rien de nouveau : il nous en avertit lui-même. Nous regrettons qu’il ait cru devoir donner pour titre au principal chapitre qu’il lui consacre : « Maine de Biran, métaphysicien du moi ». Maine de Biran a prétendu, peut-être à tort, être un psychologue, non un métaphysicien ; il oppose son point de vue à celui de Descartes ; le titre de ses deux grands ouvrages est du reste bien significatif à cet égard. Dans le même chapitre l’auteur nous apprend comme étant sa découverte personnelle (p. 345) que Maine de Biran avait professé successivement quatre philosophies différentes : la philosophie de la sensation, la philosophie de la volonté, la philosophie de la raison, la philosophie de l’amour. Ce qui semble vrai, c’est qu’en approfondissant de plus en plus sa pensée, Maine de Biran y découvrit successivement ces divers éléments qui se superposent et se complètent. Mais cela, Ernest Naville et Bertrand, l’ont vu avant M. de la Valette. Il est le premier, il faut le reconnaître, qui parle d’une philosophie de la raison. Mais cette expression est-elle bien exacte ? Il y a chez M. de Biran, une théorie, non une philosophie de la raison. Par cette théorie, il explique le passage de la vie humaine, à la vie de l’esprit, c’est-à-dire du moi, à Dieu et à la réalité absolue, mais c’est le sentiment religieux qui, dans la vie de l’esprit, donne un contenu à la raison.

Puisque M. de la Valette a voulu faire une œuvre historique plutôt que philosophique, il semblait que l’on fût en droit d’attendre de lui des précisions sur la date des diverses étapes de la pensée de M. de Biran, et des textes où elles sont indiquées. M. de la Valette dit, page 32, en parlant des Nouveaux Essais d’Anthropologie qu’il serait très important qu’on nous en restituât le texte, dans son intégralité. Croit-il donc la chose possible ? Ce qu’il eût peut-être dû nous dire ce sont les circonstances dans lesquelles M. de Biran fut amené à entreprendre cette nouvelle rédaction de sa pensée, les fragments qu’il eût le temps d’écrire, leur date. L’auteur ne nous apporte aucune lumière sur ces points importants d’histoire. Il nous apprend peu de choses sur le développement de la pensée de M. de Biran. Son ouvrage est un essai littéraire, d’une lecture facile, et qui ne manque pas d’agrément.

Maine de Biran critique et disciple de Pascal, d’après de nombreux documents inédits par A. de la Valette-Monbrun, docteur ès lettres, 1 vol. in-8 de 32 p., Paris, Alcan, 1914. — L’occasion de cet ouvrage et ce qui aurait dû en constituer le fond solide, ce sont les notes que M. de Biran a écrites sur un certain nombre de pensées de Pascal, dans l’exemplaire, qui se trouve aujourd’hui encore, dans la bibliothèque de Grateloup, de l’Édition des Pensées par Raynouard. Cette édition contenait en outre les notes publiées antérieurement par Voltaire et Condorcet sur les Pensées. Aux commentaires sur Pascal, M. de Biran ajouta quelques remarques sur les commentaires des commentateurs eux-mêmes. M. le chanoine Mayjonade, dans sa très intéressante édition des Pensées et Pages inédites de Maine de Biran, a reproduit une quarantaine de notes de M. de Biran. M. de la Valette lui reproche de n’avoir pas cité entièrement les pensées de Pascal auxquelles elles se rapportent. Nous lui adressons à lui-même le reproche autrement grave de n’avoir pas publié au début de son ouvrage le texte du commentaire de Maine de Biran. En l’absence de ce texte son livre est un assemblage de critiques qu’on ne peut contrôler. Le commentaire se borne du reste le plus souvent à des remarques générales qui sont visiblement inspirées des travaux antérieurs sur Pascal et Maine de Biran.

L’Idée de la Science dans Platon, conférence faite à l’Institut supérieur de Philosophie de l’Université de Louvain, par Aug. Diès. (Extrait du tome III des Annales de l’Institut supérieur de Philosophie), 1 vol. gr. in-8 de 66 p., Louvain, 1914. — Pour donner une idée suffisante de ce substantiel mémoire, il faudrait suivre M. Diès dans le détail de ses analyses de textes. On ne peut ici qu’indiquer les