Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 6, 1908.djvu/18

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cinq ans débile et à hérédité très chargée, qui présentait une tendance pathologique à la construction de fables, de récits imaginaires. M. Rouma distingue en effet très justement le mensonge vrai (p. 260) — amené par des mobiles émotionnels : moyen de défense, désir de plaire, de paraître, etc., — et la fabulation normale — due à ce que chez l’enfant les représentations peu précises se prêtent au travail de l’imagination créatrice — de la mythomanie, tendance pathologique plus ou moins volontaire et consciente au mensonge et à la création de fables imaginaires. Tandis que le phénomène psychologique normal apparaît motivé, épisodique et proportionné à sa cause, ce phénomène psychologique morbide se montre non ou insuffisamment motivé, persistant dans sa durée et disproportionné dans son intensité (p. 269).

Observations

Automatisme téléologique antisuicide par Th. Flournoy, n° 26 (octobre 1907), p. 113-137.

Un nouveau cycle somnambulique de Mlle  Smith. Ses peintures religieuses par Aug. Lemaitre, n° 25 (juillet 1907) p. 63-84.

Nouvelles contributions à la psychopathologie de la vie quotidienne, par A. Maeder, n° 27 (février 1908), p. 283-300.

Faits récent de glossolalie, par E. Lombard, n° 27 (février 1908), p. 300-304.

Philosophical Review, t. XV (1906).

N° 1. — La philosophie de l’expérience, par le prof. Warner Fite. — La philosophie dite « de l’expérience » se résume en cette affirmation fondamentale : seule l’expérience est donnée et immédiate. Or ce principe est précisément l’erreur première d’une telle philosophie ; pas plus que la chose en soi, l’expérience n’est absolument donnée, et il est illusoire, et il est d’ailleurs inutile, de rechercher l’absolu aussi bien dans l’expérience qu’au delà. — Contribution de Hume à la Méthode historique, par G.-H. Sabine. Ce n’est pas dans Hume historien qu’il faut chercher cette contribution, encore que Hume, dans son Histoire d’Angleterre, ait attaché à l’étude des us et coutumes plus d’importance que ses contemporains. Mais, d’une manière générale, toute philosophie qui met l’accent sur la nature organique de la société met sur la voie de la véritable méthode historique, et, à cet égard, on peut considérer Hume comme un précurseur. — La transcendance (self-transcendency) de la connaissance, par W. B. Pitkin. Discussion sur les sophismes introduits par l’imperfection du langage psychologique dans la solution du problème de l’objectivité. L’auteur ne trouve pas moins de six significations diverses à ce terme : transcendance de la connaissance.

N° 2. — Croyances et réalités, par G. Dewey. Bon exposé de la forme spéciale donnée par le célèbre pragmatiste à sa doctrine. Après avoir défini ce qu’est la croyance pour « l’homme moyen », à savoir la représentation de choses réelles, capables, comme telles, d’exercer une action réelle sur les choses, Dewey retrace le conflit historique de la philosophie traditionnelle issue principalement du stoïcisme, d’après laquelle la connaissance a pour objet l’absolu tandis que la croyance n’obtient que l’apparence, et de la métaphysique chrétienne qui aperçoit dans la foi un procédé pratique d’atteindre l’absolu. Aujourd’hui, les sciences, par un retour inattendu, nous ramènent à la métaphysique de l’action, car les hypothèses qui les animent – notamment celles de la biologie et de la sociologie – ne sont jamais, en définitive, que des formules pratiques pour réussir des expériences. Ce point de vue, d’ailleurs loin de conduire au scepticisme, réconcilie pleinement le naturalisme le plus outrancier et les exigences du sens moral. — Psychologie, sciences de la nature et philosophie. par R. Frank Thilly. Pour différentes raisons, la psychologie est irréductible aux sciences de la nature, encore qu’elle ait besoin du concours de celle-ci. Connexes avec les variations cérébrales, les faits psychiques n’en ont pas moins leur nature propre et l’introspection ne peut être entièrement suppléée par aucune méthode externe. Sans doute, la continuité semble manquer aux faits psychiques, ce qui conduit à emprunter l’observation externe pour combler les lacunes ; mais cette discontinuité peut n’être qu’apparente et, en tout cas, troublerait également l’étude des faits cérébraux. En revanche, si la psychologie est distincte des sciences de la nature, elle est inséparable de la philosophie qui lui fournit des hypothèses indispensables et qu’elle éclaire sur la vie de l’esprit.

L’Évolution et l’absolu, par H. Haath Bawoen. Toute explication de l’univers oscille nécessairement entre deux systèmes : unité ou multiplicité continue, conservation ou évolution. Mais, en réalité, l’opposition n’est pas absolue entre ces termes, les principes de la conservation et de l’évolution sont tous deux vrais dans la mesure où ils sont interprétés l’un par l’autre. On ne peut connaître la nature d’une chose sans