philosophes d’Amérique, ils se sont pris à désirer que la pensée philosophique en France fût mise en demeure de se développer publiquement, espérant qu’il apparaîtrait alors qu’elle ne le cède en vigueur à aucune autre. Ils se sont adressés à ces maîtres éminents, connus du trop petit nombre. Ils ont reçu d’eux, avec des encouragements et des conseils, l’assurance d’un concours actif. Ils leur en témoignent ici publiquement leur reconnaissance, en même temps qu’ils prennent acte de leurs promesses. Car sans eux que pourraient-ils ? Ils savent d’ailleurs que l’esprit souffle où il veut et que la philosophie n’est pas, comme la science l’est presque nécessairement, enfermée dans les chaires de l’État. Ils font donc appel à tous ceux qui l’aiment et la cultivent. S’il est des esprits méditatifs qui composent dans la solitude leur système des choses, qu’ils veuillent bien voir dans cette Revue un organe de la pensée libre où il n’est besoin que d’un seul titre pour y trouver accès : se réclamer de la raison.
Servir la cause de la raison, la servir pour le plus grand bien et pour l’honneur de leur pays, telle est l’idée qui a enhardi de jeunes hommes jusqu’à les rendre capables de triompher du sentiment de leur faiblesse personnelle et des difficultés d’une entreprise de cette nature. Ainsi est née la Revue qu’on présente aux lecteurs. À ceux-ci de la soutenir s’ils la croient utile, d’une manière bien simple, quoique difficile peut-être pour la mollesse de ce temps : en la lisant.