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LES PRÉTENDUS SOPHISMES DE ZÉNON D’ÉLÉE




Il faut peut-être quelque courage pour oser revenir encore sur la question si rebattue des arguments de Zénon d’Élée, surtout lorsqu’on s’est déjà une première fois essayé à en éclaircir quelques parties. Mais, d’une part, le nombre toujours croissant des livres, mémoires ou articles consacrés à ce problème par des mathématiciens ou des philosophes atteste que loin d’avoir perdu de son intérêt, il passionne plus que jamais les esprits : pour être vieux de plus de deux mille ans, il n’en a pas moins une véritable actualité. D’autre part, certaines études, telles que le remarquable article publié par M. G. Noël dans le dernier numéro de la Revue de métaphysique et de morale sur le Mouvement et les arguments de Zénon d’Élée, prouvent que la discussion n’est pas inutile. Elle a fait un progrès : il y a des points que quelques-uns du moins considèrent comme acquis. En tout cas, justice a été faite de certaines interprétations manifestement erronées, surtout de certaines réfutations véritablement enfantines, et dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles passaient à côté de la difficulté sans la voir. Espérons qu’on n’osera plus les reproduire, et croyons — sans toutefois nous repaître de trop d’illusions ! — qu’un jour viendra ou les hommes compétents seront d’accord sur le sens et la portée de ces antiques arguments. Enfin, si j’avais besoin d’une excuse pour revenir sur le problème, je la trouverais dans ce fait que j’ai été pris à parti moi-même dans l’article, d’ailleurs si intéressant, de M. Milhaud sur le Concept du nombre chez les pythagoriciens. Je voudrais rétablir ma pensée qui n’a pas été bien comprise par l’auteur de l’article, et en même temps signaler quelques difficultés, insurmontables à mes yeux, qui s’opposent à l’interprétation qu’il défend.

« D’abord, selon M. Milhaud, M. Brochard a bien voulu supprimer la distinction classique des arguments contre la pluralité et des argu-