Aller au contenu

Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/347

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grand nombre peut-être) qui n’admettent pas l’existence d’un principe de la vie distinct des forces physiques et chimiques. À vrai dire, la méthode scientifique exige qu’avant de supposer l’existence d’un type nouveau de force, on épuise tous les moyens d’expliquer les phénomènes par les forces irréductibles physiques et chimiques déjà connues. Pour ces savants-là le phénomène de la première cellule végétale a pu être déterminé par une rencontre heureuse d’éléments matériels et de forces mécaniques, sans qu’on soit autorisé à faire intervenir, pour le déterminer, une prétendue force nouvelle, spécialement afléctée à la formation des organismes. Certains cristaux, par exemple, présentent des configurations qu’on serait tenté d’attribuer à des principes plastiques, distincts des forces physiques et chimiques déjà connues, et qui cependant, selon ces savants, ressortissent uniquement à la mécanique des atomes et des molécules. Toute forme organique, selon eux, pourrait être considérée comme une sorte de cristallisation, difficile à formuler sans doute, mais à laquelle on n’a pas droit de substituer, à cause de cette difficulté seule, une construction faite par quelque force vitale irréductible aux forces connues.

Rien, à vrai dire, ne nous empêche de considérer la cristallisation, structure géométrique qui ne paraît être donnée par aucune propriété physico-chimique connue de chaque molécule composant le cristal, comme l’action plastique initiale du potentiel de vie sur la matière terrestre. Quoi qu’il en soit, l’objection que nous examinons est très sérieuse parce qu’elle repose sur un hommage à la vraie méthode scientifique ; il ne faut pas multiplier les entités, il faut tâcher d’expliquer le plus de choses possible par le moins de principes possible. Mais, dans le cas dont il s’agit, procède-t-on vraiment par simplification quand on se condamne à admettre une quantité imnombrable de rencontres tellement heureuses que, non seulement la forme de chaque cellule initiale (germe de chaque espèce végétale ou animale) soit due au hasard, mais encore que le hasard préside périodiquement à la reproduction du même germe dans chaque adulte de chaque espèce distincte ? N’est-il pas infiniment plus simple comme plus rationnel d’expliquer la première formation d’un germe par un acte du potentiel de vie, énergie d’une force distincte des autres forces déjà définies, dans le milieu physique et chimique, et d’expliquer la reproduction des germes identiques dans les adultes d’une espèce, pour la conservation de celle-ci et la