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L’ÉVOLUTIONNISME PHYSIQUE




La doctrine de l’évolution, lorsqu’on la considère spécialement dans son application au monde physique, au monde de la matière et du mouvement, prend la forme d’une cosmogonie rationnelle. Elle se présente sous deux aspects : comme métaphysique, c’est-à-dire comme interprétation de l’expérience, et comme théorie rationnelle, c’est-à-dire comme systématisation de l’expérience. On peut, par conséquent, l’examiner et la critiquer à deux points de vue, en tant que métaphysique et en tant que théorie rationnelle.

La critique de la métaphysique de l’évolution, ainsi limitée, se ramène à celle des concepts d’absolu et de substance, si l’on montre, comme nous le ferons dans la première partie de cette étude, que le concept d’évolution repose sur l’hypothèse de la non-relativité et sur celui de la substance. Nous nous bornerons à mettre en lumière ces deux hypothèses ; libre à chacun, ensuite, de les adopter ou de les récuser. La critique de la théorie conduit à des résultats plus certains ; on peut se demander si cette théorie est logiquement cohérente, si elle ne renferme pas de contradiction et si elle aboutit à une conception vraiment nouvelle, plus étendue que celle qui émane directement de la science positive, touchant l’univers physique et sa constitution dans le temps. C’est à quoi nous consacrerons la deuxième partie.


I


Le concept d’évolution dérive du concept historique, par le moyen duquel nous pensons les phénomènes sous forme d’existences se prolongeant et se modifiant au cours de la durée. Si nous ne concevions pas que les choses extérieures pussent avoir une histoire, l’idée d’évolution, de développement et de progrès continus, ne nous serait