Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/566

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création de notre activité aux rapports du système précédent, les réunit en une unité de cognition qui constitue l’idée générale attachée au signe de notre création.

Le système apodictique dont les éléments propres, les notions, sont dépouillés par leur formation même de tous les éléments subjectifs sans quoi nous n’aurions pu les observer, car les notions, telles que l’étendue, les formes, les nombres, etc., supposent des impénétrabilités reconnues sous des intuitions liées entre elles par agrégation continue en étendue.

1° Nous reconnaissons immédiatement par l’impénétrabilité l’existence d’êtres hors de nous, indépendants de nous.

2° En appelant notions ce que nous savons ou croyons exister dans ces êtres indépendamment de nous, de la nature de notre cognition ou de notre sensibilité, et de la connaissance que nous en avons, il est clair que l’impénétrabilité est la seule notion primitive[1].

3° Nous incorporons immédiatement à l’impénétrabilité l’intuition sous laquelle nous la rencontrons, nous concrétons successivement avec ces deux premiers éléments de ce que nous nommons corps, les autres phénomènes qui ont lieu en le touchant, en l’approchant, etc., les odeurs, sons, saveurs, sensations tactiles[2]. En incorporant ou concrétant ainsi les phénomènes avec l’impénétrabilité, on unit aussi avec eux les modes d’union, d’étendue et de perception, et tout ce qui en dépend, figure, mouvement, divisibilité, nombre, etc.

4° La réflexion montre invinciblement que les phénomènes ont été à tort concrétés et qu’il n’y a dans les corps que des causes inconnues de ces phénomènes. Étendra-t-on cela aux modes d’union et à ce qui en dépend ? En quoi diffèrent-ils des phénomènes eux-mêmes pour qu’on ne le fasse pas ? Et pourquoi ne pas dire qu’il n’y a dans les corps que des causes inconnues qui nous les font paraître étendus et en mouvement sans qu’ils le soient, divisibles sans qu’ils le soient[3], etc., etc. Cependant tout notre esprit se soulève là contre, et les hommes forts dans toutes les sciences, en convenant que les phé- .

  1. Note de Maine de Biran : Pourquoi pas également l’étendue ?
  2. Note de Maine de Biran : Cette concrétion ne se fait pas de la même manière pour les intuitions et les affections.
  3. Note de Maine de Biran : C’est là la grande ligne de démarcation entre les qualités premières et secondes, entre les substances et les phénomènes.