à l’autre, autrement dit que, frappés à l’empreinte des premières satisfactions accidentelles et géniales qu’ils ont déjà reçues, les besoins primitifs de l’organisme se soient particularisés, spécifiés en chaque groupe ; et cette spécification est toujours l’effet d’une mode consolidée en coutume. En second lieu, les inventions nécessaires, s’il s’agit de celles qui ont trait à la langue, à la religion, à la politique, à l’esthétique, à l’éthique, le sont parce qu’elles répondent le mieux au besoin intense, et généralement répandu dans un groupe donné, de se communiquer ses pensées, ses sentiments, ses désirs (langue), d’avoir des croyances fortes, stables, partagées par tous, apaisement de grands doutes et de grands troubles (religion), de se secourir et de concourir à des actions communes, pour la défense ou l’agression (politique et morale). Or n’est-il pas clair que la présence de tels besoins, très naturels et très artificiels à la fois, naturels sans être primitifs, et naturels précisément parce qu’ils sont suscités par le contact social où tend la nature humaine, suppose l’exercice préalable de l’imitation mutuelle pendant de longues années, peut-être pendant des siècles ? Je reste donc convaincu, en dépit des pénétrantes et bienveillantes critiques qui me sont adressées par M. Berthelot, que, si l’étude de l’imitation n’est nullement toute la sociologie pure, elle en est la partie élémentaire et fondamentale.
Veuillez agréer, monsieur le directeur, l’assurance de ma considération la plus distinguée.