vie organique. Vous sentez que la réaction de la substance vivante à une impression physico-chimique (mécanique en dernière analyse diffère d’une simple communication de mouvement, telle que celle du choc ; dans nombre de cas la direction prise par le mouvement provoqué suffirait à vous en avertir. Quelque chose qui n’est aucune forme de l’énergie mécanique intervient, confisque l’impression et en modifie l’effet purement mécanique ; ce facteur est encore la pensée inconsciente.
Une telle pensée participe à la fois du monde psychique, à titre de phénomène d’ordre intellectuel, et du monde mécanique, à titre de phénomène inconscient. Dans la région des phénomènes ces deux caractères paraissent irréductibles, mais l’observation la plus simple oblige à reconnaître que, à une profondeur impénétrable pour l’esprit humain, ils ont un substratum commun : il suffit de remuer un doigt. N’est-il pas évident qu’il y a quelque chose de commun à la pensée et à la force, puisque, en ce moment même, j’écris ce que je pense, ce qui serait impossible évidemment s’il existait un abîme entre l’acte mental et l’acte musculaire. Rien de plus incontestable « pie la proposition suivante : quand deux choses communiquent, elles ont quelque chose de commun. Il y a plus : pour la même raison la distinction de la masse et de la force n’est irréductible que dans la région des phénomènes où leurs effets seuls tombent sous les sens, de sorte que, de proche en proche, on arrive à constater que la distinction de la masse[1] et de la pensée n’est irréductible qm dans leurs manifestations phénoménales, qu’elle est superficielle et seulement apparente.
Si les conséquences précédemment déduites de données tout expérimentales sont rigoureuses, il n’y aurait donc qu’un même substratum foncier à tous les événements, soit psychiques, soit physico-chimiques (mécaniques). La querelle interminable entre les spiritualistes et les matérialistes perdrait sa raison d’être et prendrait fin. Elle durera aussi longtemps qu’elle demeurera sur le terrain des phénomènes, parce que des deux côtés on conclut de la différence irréductible de ceux-ci à la distinction de leurs substrata. On ne considère pas la conjonction empiriquement constatée de
- ↑ On appelle masse en mécanique rationnelle le rapport entre les forces et les accélérations qu’elles impriment à un corps. C’est l’expression mathématique de ce que j’appelle ici la masse. J’entends par ce mot le substratum métaphysique révélé par ce fait qu’il peut y avoir variation de la vitesse, la force demeurant constante, ou variation de la force sans que la vitesse varie.