rien de plus que l’expression pratique d’une croyance ; le propriétaire ne prouve pas, ne peut pas prouver une série de transmissions jusqu’à je ne sais quelle origine : il prouve seulement que son auteur avait cédé, abdiqué, et que lui avait acquis ; en fait il arrive que l’acquéreur est propriétaire ou que le cessionnaire est créancier alors que son auteur n’avait pas les droits qu’il lui a transmis ; le besoin de protéger les acquisitions donne un droit à celui qu’on croit de bonne foi ; et ce droit est traditionnel.
Ainsi il y a à chaque transmission juridique une rupture. Les historiens montrent l’origine de la propriété dans des occupations, sanctionnées par la religion, garanties par l’Etat ; la procédure actuelle nous montre la même origine : acquisition, sanctionnée par la croyance, garantie par l’Etat ; la tradition est dans le présent ; l’origine est actuelle. (Quelle est la démarche de l’esprit ?) Et cette origine détache le présent du passé.
Au lieu d’une origine causée par une cause non causée, divine, une activité présente qui crée, qu’attisent des croyances actuelles, une activité qui est comme elle est.
- Emmanuel Lévy.
