Page:Revue de métaphysique et de morale - 18.djvu/527

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ne s’accordent point avec la béatitude, mais ont leur source dans la crainte ou dans le besoin qu’on éprouverait pour d’autres êtres avec lesquels on serait en rapport. Et il ne faut pas croire non plus que ce sont des foyers d’un feu constitué pour se mouvoir en cercle, et dont chacun posséderait la béatitude, qui sont animés, en vertu d’une volonté à eux, des mouvements que nous avons énumérés.

Mais il faut préserver, en le lui témoignant dans tous les noms qu’on lui donne, la majesté du divin, afin que, de noms peu convenables, nous ne tirions pas des opinions opposées à ce respect : faute d’agir ainsi, une contradiction de cette espèce suffira à porter le plus grand trouble dans les âmes. Ce qu’il faut croire, c’est donc que les révolutions des astres sont des mouvements nécessaires, et qu’elles s’accomplissent en conséquence de ce que les astres étaient compris dès l’origine dans ces tourbillons qui chacun engendrent un monde. (78) On doit d’ailleurs admettre que la physique accomplit sa fonction en approfondissant la cause des principaux faits relatifs aux astres, que notre félicité puise dans la connaissance des phénomènes célestes, la détermination de leur nature, et il en va de même à propos de tous les phénomènes semblables dont l’approfondissement contribue au bonheur. Ajoutons qu’en pareille matière la pluralité des explications et la formule : il peut en être soit ainsi soit autrement, ne sont pas de mise ; mais qu’il faut prononcer d’une manière absolue que l’essence immortelle bienheureuse ne saurait rien impliquer qui soit capable d’apporter avec soi la dissolution et le trouble : car il est possible de saisir par la pensée qu’il en est absolument ainsi. (79) Au contraire, ce qui rentre dans le domaine de la recherche au sujet des couchers et des levers, des solstices, des éclipses et choses de même ordre, la connaissance qu’on en peut avoir ne contribue plus au bonheur, car ceux qui la possèdent, sans savoir ce que sont les substances des astres et les causes principales de leurs mouvements, ceux-là sont aussi sujets aux frayeurs que s’ils ne savaient pas ce qu’ils savent, et peut-être même y sont-ils plus sujets, parce que l’étonnement qui résulte chez eux de ce qu’ils connaissent un plus grand nombre de ces phénomènes que les autres hommes, ne peut pas prendre fin par