Aller au contenu

Page:Revue de métaphysique et de morale - 2.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
revue de métaphysique et de morale.

eudoxe. — Et constamment dirigé vers l’autre ?

ariste. — Oui ; car rien ne dirige mon mouvement que la nécessité d’atteindre l’autre point.

eudoxe. — Par ce mouvement, partant de l’un de ces points et constamment dirigé vers l’autre, vous tracez une partie du contour.

ariste. — Oui.

eudoxe. — Et cette partie du contour peut-elle être autre que droite ?

ariste. — Elle ne le peut pas.

eudoxe. — Pouvez-vous donc percevoir une forme sans la composer de lignes droites ?

ariste. — Cela ne me paraît pas possible.

eudoxe. — Et ainsi toutes les formes que je perçois sont composées de lignes droites.

ariste. — Il le faut bien.

eudoxe. — Mais ce que je perçois est pour moi les choses ?

ariste. — Que seraient les choses, sinon cela ?

eudoxe. — Et ainsi les formes des choses sont composées de lignes droites.

ariste. — Je ne vois pas comment échapper a cette conclusion.

eudoxe. — Et quand peut-on dire que nous construisons nécessairement une ligne droite ?

ariste. — Lorsqu’entre deux points notables du contour nous n’apercevons encore aucune raison de varier le contour davantage.

eudoxe. — C’est-à-dire lorsqu’entre deux points notables nous n’apercevons encore aucun point notable ?

ariste. — Oui.

eudoxe. — Menons d’un de ces points à l’autre deux lignes droites distinctes.

ariste. — Je suppose que ce soit possible, quoiqu’on ne puisse pas l’imaginer.

eudoxe. — Deux points de ces deux droites, entre les deux points considérés, seraient donc distincts l’un de l’autre ?

ariste. — Il le faut, si les deux lignes ne se confondent pas.

eudoxe. — Distincts, c’est-à-dire notables ?

ariste. — Oui, notables.

eudoxe. — Et cela est contraire à l’hypothèse.

ariste. — Quelle hypothèse ?

eudoxe. — Selon laquelle il n’y a encore pour nous entre ces deux points aucun point notable.