Page:Revue de métaphysique et de morale - 28.djvu/530

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Mais, pour pouvoir entreprendre celte étude, il nous faut avant tout déterminer l’objet sur lequel elle va porter. Il ne suftit pas de dire que nous allons considérer le socialisme comme une chose. Il nous faut de plus indiquer à quels signes on reconnaît cette chose, c’est-à-dire en donner une définition qui nous permette de l’apercevoir partout où elle se rencontre et de ne pas la confondre avec ce qui n’est pas elle.

De quelle manière allons-nous procéder à cette définition ?

Suffirait-il de réfléchir attentivement à l’idée que nous nous faisons du socialisme, de l’analyser et d’exprimer les produits de cette analyse en un langage aussi clair que possible ? Il est, en effet, certain que, pour attacher un sens à ce mot que nous employons sans cesse, nous n’avons pas attendu que la sociologie se soit méthodiquement posé la question. N’y aurait-il donc qu’à nous replier sur nous-mêmes, à nous interroger avec soin, à nous saisir de cette notion que nous avons et à la développer en une formule définie ? En procédant ainsi, nous pourrions bien arriver à savoir ce que personnellement nous entendons par socialisme, non ce qu’est le socialisme. Et comme chacun l’entend à sa façon, suivant son humeur, son tempérament, ses habitudes d’esprit, ses préjugés, nous n’obtiendrions ainsi qu’une notion subjective, individuelle, qui ne saurait servir de matière à un examen scientifique. De quel droit imposerais-je aux autres ma manière personnelle de concevoir le socialisme et de quel droit les autres m’imposeraient-ils la leur ? Réussirons-nous mieux en éliminant de ces conceptions, variables suivant les individus, ce qu’elles ont d’individuel pour ne garder que ce qui leur est commun Autrement dit, définir le socialisme, serait-ce exprimer non l’idée que je m’en fais, mais l’idée moyenne qu’en ont les hommes de mon temps ? Appellerons-nous ainsi, non ce que j’appelle ainsi, mais ce qu’on désigne généralement par là ? Mais on sait combien ces conceptions communes et moyennes sont indéterminées et inconsistantes ! Elles se sont faites au jour le jour, empiriquement, en dehors de toute logique et de toute méthode : il en résulte que tantôt elles s’appliquent également à des choses très différentes, ou en excluent au contraire qui sont très proches parentes de celles auxquelles on les applique. Le vulgaire, en construisant ses concepts, tantôt se laisse guider par