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DÉFINITION DU SOCIALISME


DEUXIÈME LEÇON

Quoiqu’il soit journellement question du socialisme, nous avons pu voir, par les définitions usuelles qui en sont données, combien est inconsistante et même contradictoire la notion qu’on s’en fait communément. Les adversaires de la doctrine ne sont pas les seuls à en parler sans en avoir une idée définie ; les socialistes eux-même prouvent souvent par la manière dont ils l’entendent qu’ils ne sont qu’imparfaitement conscients de leurs propres théories. Il leur arrive sans cesse de prendre telle ou telle tendance particulière pour le tout du système, parla simple raison qu’ils sont personnellement plus frappés de cette particularité que de toute autre. C’est ainsi qu’on a fini par réduire presque généralement la question sociale à la question ouvrière. On ne saurait trop penser à ces innombrables confusions si l’on veut se mettre dans l’état d’esprit nécessaire pour aborder d’un point de vue scientifique l’étude que nous allons entreprendre. En nous montrant ce que valent les idées courantes sur le socialisme, elles nous avertissent qu’il nous faut faire tablerase.de ce que nous croyons en savoir, si, du moins, nous voulons demander à la recherche que nous commençons autre chose qu’une pure et simple confirmation de nos préjugés. Il faut nous mettre en face du socialisme comme en face d’une chose que nous ne connaissons pas, d’un ordre de phénomènes inexplorés, et nous tenir prêts à le voir se montrera nous sous un aspect plus ou moins différent de celui sous lequel on le considère d’habitude. D’ailleurs, à un point de vue non plus théorique mais pratique, une telle méthode, si elle était plus généralement pratiquée, aurait cet avantage d’apporter au moins une trêve aux passions contraires que soulève ce problème, puisqu’elle oppose aux uns comme aux autres la même fin de non-recevoir et les tient également à distance. Au lieu de mettre