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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

est au contraire le dissolvant par excellence ; et c’est l’idée spinoziste [qui est une force morale], l’idée de la science intégrale, poussée jusqu’à l’absolu et permettant à l’àme entière de se faire un point d’appui et un levier dans l’idée et dans le sentiment de l’unité intégrale, c’est-à-dire d’une religion scientifique.

Dualisme de Spinoza.

Trop peu moniste encore. Il n’y a pas parallélisme, mais dépendance ; unité (idéalisme faisant physique représentation du moral).

Spinoza a tort d’isoler l’imagination de l’entendement.

On doit reprocher à Spinoza d’avoir trop séparé Dieu de la nature, de n’avoir pas assez divinisé les modes, œuvres de l’imagination. La vie n’est pas dans les pures idées, éléments abstraits conçus comme éternels des sentiments, mais dans ces sentiments mêmes. La vraie théorie n’est pas celle de la vie de l’élite, que fait Spinoza, mais celle de la vie dé tout le monde, celle non plus de l’idée éternelle venue d’en haut, dont la connaissance est identique avec la grâce, c’est celle des avatars successifs de l’idée venue d’en bas, des sentiments, idées provisoires, auxquels la foi-obéissance que Spinoza déclare ne pas comprendre, s’attache, et qui fait que l’humanité, sans se sauver dans les individus, se sauve dans l’ensemble.

La connaissance n’en peut être qu’empirique.

C’est là la vraie cause immanente.

Il y a une théorie de l’imagination qui manque dans Spinoza.

Les deux prises qu’offre Spinoza lui-même sur son système sont : 1° l’aveu formel (chap. xv du Theolog.-Polit., note 27 et chap. iv) que la raison ne peut pas démontrer la suffisance de la religion pour faire son salut, c’est-à-dire qu’on peut faire son salut, atteindre la béatitude sans être arrivé à rectifier son entendement. Il s’ensuit qu’entendre n’est pas l’acte principal de l’esprit, ou qu’il y a quelque autre manière d’entendre encore supérieure à celle qu’il comprend comme la vraie, et dont la forme est la nécessité ( éternité).

Pourquoi la religion (foi) ou la perpétuelle vertu sans entendement rendent-elles l’homme heureux, comme la droite raison ? C’est peut-être que la droite raison (scientifique) n’est qu’un moyen pour quelque chose de plus élevé, qu’elle donne, mais qui peut être obtenu