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LA SCIENCE DE L'HISTOIRE D'APRÈS M. XÉNOPOL

A. D. Xénopol, Les Principes fondamentaux de l'Histoire. Paris, Leroux éd., 1899, vi-348 pp., grand in-8°.

Pour se reconnaître dans le livre — un peu diffus, mettons touffu, si vous voulez — de M. Xénopol, il faut, je crois, arriver jusqu'à la fin, et là saisir l'ultime pensée de l'auteur. Au fond et en ce qu'elle a de concluant, la pensée de M. Xénopol est bien que l'histoire diplomatique, éventuelle, je dirai volontiers événemen- tielle, reste encore — au moins telle que l'ont faite récemment MM. Mommsen, Ranke, Fustel et autres — la véritable histoire, la seule et unique histoire à faire. Il est des sociologues, il est des philosophes qui, n'estimant pas que cette histoire-là soit constituée sur le pied d'une science, ont cherché comment il faudrait traiter l'histoire pour qu'elle fût vraiment scientifique; selon M. Xénopol « tous ces penseurs ont tort ». Ils ont cherché midi à quatorze heures (le mot n'est pas dans M. Xénopol, mais je crois qu'il tra- duit assez bien sa pensée). Ils ont tort, car l'histoire, à la manière rie Mommsen, de Fustel, etc., est parfaitement scientifique. Si les penseurs n'ont pas reconnu cela, c'est qu'ils se sont fait de la science en général une conception inexacte, trop large d'un côté, trop étroite de l'autre. Il n'y a qu'à donner de la science une défi- nition meilleure; et cette définition, la voici : tout fait devient un fait scientifique dès qu'il est prouvé.

Donc, lorsque Mommsen enchaîne l'un à l'autre des événements successifs, aboutissant à un finale, s'il a soin de bien prouver ces