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MEXIQUE.

séquent de bonnes raisons pour ne pas les employer seuls, soit à la garde de l’île, soit à une descente sur les côtes voisines ; et il faudrait les fondre avec les 9,000 Espagnols, qui sont la seule force sur laquelle on puisse véritablement compter à Cuba pour la défensive ou l’offensive. Si l’on considère l’étendue des côtes de cette île, la proximité de celles de la Colombie, du Mexique et des États-Unis, l’amour de l’indépendance dont paraît animée sa population créole, ses 268,000, esclaves, ses 130,000 affranchis, l’exemple et l’influence de Saint-Domingue, on ne pourrait en conscience y laisser moins de 10,000 soldats. Il n’en resterait donc plus que 8,000 pour reconquérir le Mexique.

» Et dans quel endroit débarquera l’expédition ? Sera-ce aux environs de la Vera-Cruz ? Mais elle ne peut laisser derrière elle un place pourvue d’une garnison assez forte pour la harceler dans sa marche, ou couper ses communications avec la côte. Il faudra donc qu’elle débute par un siége, sous un soleil brûlant, sans l’abri d’un seul village, sans l’ombre d’un seul arbre, et sur le sol le plus malsain et le plus arides de toute l’Amérique. Il faudra qu’elle s’empare aussi du château de San-Juan-d’Uloa, la clef du port, et dont les batteries peuvent, en quelques heures, ruiner la ville de fond en comble[1]. Débarquera-t-elle à Boquilla de Piedra ? Elle sera toujours forcée de gagner la route de Vera-Cruz à Mexico, par des chemins effroyables, sans pouvoir se faire suivre de son matériel, et transportant à dos de mulet ses provisions de guerre et de bouche. Ira-t-elle à Soto-la-Marina ? Elle aura à traverser un véritable désert avant d’arriver à San-Luis Potosi, la première ville qui lui offre quelques ressources ; et

  1. Ce château est bâti dans une petite île située à l’entrée du port, et les remparts sont garnis de 300 bouches à feu.