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ANCIENNE LÉGISLATION POLITIQUE.

On voit bien que l’organisation du pouvoir législatif en Pologne ne manquait point de sagesse ni de prévoyance. Si quelque vice peut lui être reproché, c’est peut-être celui d’avoir été exercé par une seule chambre, car l’autorité du sénat, comme nous l’avons vu, était purement passive. C’était un corps de magistrature composé de citoyens distingués, chargés de surveiller l’administration de la république dans l’intervalle des diètes. Il rendait compte de ses délibérations à tous les états assemblés. Il lui était interdit (1588) de s’immiscer dans les matières d’état.

Une chambre législative unique, dont l’autorité n’état balancée par aucun contre-poids, devait nécessairement devenir tyrannique. Aussi le liberum veto était-il dans une pareille organisation, le seul moyen d’arrêter la marche des factieux, en cas que ceux-ci formassent la majorité parlementaire. Le liberum veto entravait simplement l’action, tandis que la majorité aurait pu renverser d’un coup la constitution et les libertés nationales. Cette faculté était sans doute un grand mal pour la république ; mais ce mal paraissait moindre que celui qu’on craignait. Aussi, abusivement introduit dans les diètes, le veto acquit la force de loi par la seule influence de l’opinion. Il accrut peu l’anarchie, parce qu’elle existait déjà dans le pays. Ce qui l’augmenta, ce fut l’usage funeste, observé par les Polonais, de ne jamais quitter les armes et de délibérer le sabre au côté dans les assemblées. Des débats ensanglantés et des violences devaient en être la suite nécessaire. Deux constitutions, celles de 1496 et de 1507, prévoyant l’abus, cherchèrent à anéantir cette coutume ; mais elle fut plus forte que la loi, et d’ailleurs il était naturel qu’un peuple tout militaire fût attaché à des attributs guerriers.

Néanmoins le liberum veto n’était point sans contre-poids dans les diètes polonaises. On lui en trouva un dans la limitation des diètes (1712). C’était une espèce de prorogation qui