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PERSE.

Les blessés de part et d’autre furent transportés à la factorerie et parfaitement accueillis ; les femmes de la ville ne furent point insultées, et les femmes du cheïkh se réfugièrent dans la maison du magistrat suprême. Avant le retour de l’aurore, tous les objets de quelque valeur furent empaquetés et envoyés sous bonne escorte aux lieux d’où les brigands étaient venus.

Ce pillage, au milieu d’une paix profonde, de la première ville de commerce de la Perse, d’une ville d’où le prince qui gouverne les provinces méridionales du royaume, tire d’immenses revenus, a lieu d’étonner, lorsqu’on réfléchit que c’est le fils même de ce prince qui en est l’auteur. Toutefois on prétend que celui-ci est complètement étranger à cette atrocité.

On croit que les sujets anglais ou les individus que protège ce gouvernement de l’Inde, auront beaucoup à souffrir de cet événement. Bushire est l’entrepôt général du commerce de la Perse avec l’Inde.

Le prince Timour eut l’audace de venir dans la ville, après le pillage ; une foule d’individus l’entourèrent, et lui demandèrent la restitution des valeurs qu’on leur avait enlevées. Il leur fit à tous de belles promesses : quelques-uns des principaux marchands voulaient aller s’établir à Chiraz, mais le prince déclara que personne ne sortirait de Bushire. On rédigea à la hâte une adresse, dans laquelle il était dit que les signataires étaient charmés de la présence du prince, et que la ville n’avait éprouvé ni dommage ni injure. Cette circonstance répand un grand jour sur le caractère du peuple et du gouvernement dans ce pays.

Une semaine après l’assaut, Cheïkh-Ahmed étant allé faire sa prière dans la principale mosquée, s’adressa ainsi au peuple : « Il y a deux ans environ que j’ai été chassé de Bushire par les amis de Cheïkh-Abdul-Rèçoul, que vous avez secondé ; je viens de leur rendre la pareille, en sorte que nous sommes quittes.