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AFRIQUE.

et doublant la pointe Munden, que couronne la citadelle du même nom. À l’extrémité de cette pointe, à trente ou quarante brasses environ, est caché sous l’eau un écueil ou plus d’un navire s’est perdu. Le banc sur lequel on mouille n’est profond que de huit à quinze brasses, et s’étend au nord-ouest de l’île, depuis la vallée Rupert jusqu’à l’endroit qu’on nomme Horse-Pasture-Point, dans le sud-ouest. Un ruisseau d’une eau vive et fraîche arrose Lemon-Valley, située à environ deux milles dans le sud-ouest de James-Town. Les navires ont beaucoup de peine à y renouveler leur eau, à cause des rochers qui en bordent l’entrée.

La vallée de James, dans laquelle a été bâtie la bourgade qui porte le même nom, n’est guère qu’une ravine étroite qui s’élargit graduellement à mesure que l’on avance vers la mer. Les maisons qui en occupent le fond semblent devoir être englouties sous les rochers suspendus à une grande élévation au-dessus d’elles. La surface de ses parois latérales est nue, rougeâtre, et imite par la couleur de son aspect les scories rejetées des usines. Le fond de la vallée, au contraire, est garni d’un tapis de verdure qu’un milice ruisseau rafraîchit en serpentant sous des bouquets d’arbres. Le volume des eaux de ce ruisseau varie suivant la saison. Il est formé par de nombreuses filtrations qui se réunissent enfin pour tomber sur une haute colonnade basaltique, en nappes serrées, dont les chutes forment une cascade qui n’a pas moins de deux cents pieds de hauteur. Ces sources jaillissantes, se précipitant d’une voûte légèrement concave, tapissée d’épaisses fougères, contrastent avec la sévérité des alentours, où l’œil ne découvre que rochers noircis et calcinés, que cendres ou matières volcaniques.

Vue de la rade, la batterie avancée de James-Valley est séparée de la ville par une allée couverte de pepell-trees (figuiers des banians). C’est à une des extrémités de cette vallée, qu’est placé le bazar où les marins peuvent se procurer